Répression sanglante au Kenya
Dernière modification : 26/01/2008
Lors de la troisième journée des manifestations, la police a violemment réprimé les manifestants. Les autorités font état de cinq morts. Reportage à Matharé auprès des déplacés de V. Herz.
En début d'après-midi à Nairobi, la situation était "plutôt calme", selon Virginie Herz, envoyée spéciale de FRANCE 24. Les partisans de l'opposition qui contestent l’élection du président Kibaki s'étaient, selon elle, peu rassemblés dans la capitale "en partie à cause de la pluie". De plus, les forces de police étaient déployées un peu partout en ville, y compris dans les bidonvilles, pour prévenir toute "tentative de manifestation qui serait immédiatement réprimée."
Les manifestations devraient prendre fin vendredi soir, selon les déclarations du porte-parole du Mouvement démocratique orange (ODM) Salim Lone, qui a avertit que de nouvelles formes de résistance étaient prévues. " L’opposition va privilégier d’autres modes d’action, notamment des grèves ciblées et le boycott des entreprises appartenant à des proches du président Kibaki ", a-t-il déclaré, avant d’ajouter : "ces derniers jours ont été très douloureux et nous avons beaucoup de morts inutiles et de souffrances ".
Selon un rapport publié vendredi et rédigé par une coalition d'organisations africaines, des responsables de la Commission électorale kényane (ECK) ont manipulé de certaines circonscriptions afin d'assurer la victoire au président sortant Mwai Kibaki. Ce document, intitulé "Le compte à rebours vers la fraude: les 30 heures qui ont détruit le Kenya", énumère les "anomalies, négligences et illégalités commises dans au moins 49" des 220 circonscriptions du pays et qui sont "suffisantes pour modifier les résultats de l'élection présidentielle".
Jeudi soir, les eurodéputés ont de leur côté demandé jeudi le gel de toute aide budgétaire au gouvernement kényan dans l’attente d’une résolution de la crise politique. Ils réclament aussi de Mwai Kibaki qu'il organise de nouvelles élections au cas où un nouveau comptage des voix s'avère impossible. Mais, d’après Virginie Herz, envoyée spéciale de FRANCE 24 au Kenya, " le président ne semble pas être déstabilisé outre mesure par ces annonces ".
Le Kenya, autrefois calme et prospère, est plongé dans la violence depuis fin décembre dernier. Au moins 700 personnes ont été tuées et plus de 200 000 déplacées depuis le début de la crise.
Première publication : 18/01/2008