Le prix Nobel de physique Georges Charpak tire sa révérence

Dernière modification : 30/09/2010
Le physicien français d'origine polonaise Georges Charpak est décédé, mercredi à Paris, à l'âge de 86 ans. Spécialiste de la recherche nucléaire, il avait reçu le prix Nobel de physique en 1992 pour ses travaux sur les particules élémentaires.
Le physicien français d'origine polonaise Georges Charpak est décédé mercredi à Paris à l'âge de 86 ans. Spécialiste de la recherche nucléaire, il avait reçu le prix Nobel de physique en 1992 pour ses travaux sur les particules élémentaires.
Georges Charpak n’était pas l’un de ces scientifiques de laboratoire, qui passent leur vie in vitro à élaborer des théories abstraites à l'usage d'une poignée d’initiés. Il avait le goût de la vie et du bon vin, aimait Mozart, la poésie et, bien sûr, la physique qu’il pratiquait "en s’amusant".
Prix Nobel de physique en 1992, il a consacré sa vie et son œuvre à la physique nucléaire, puis à celle des particules pour lesquelles il a conçu une nouvelle génération de détecteurs, qui ont universellement remplacés les précédents.
Rescapé de Dachau
Né le 1er août 1924 dans le ghetto juif de Dabrovica, en Ukraine, alors sous domination polonaise, Charpak émigre en France à 7 ans, avec sa famille. Militant antifasciste dès l’âge de 15 ans, il entre en Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale et refuse de porter l’étoile jaune. Il se fait faire de faux papiers et survit sous le nom de Charpentier. Jusqu’à ce jour de mai 1943, où il est arrêté, interné dans la prison d’Eysses à Lyon puis déporté au camp de concentration de Dachau, en Allemagne, où il est détenu pendant un an. Il n’a alors que 19 ans et devient le matricule 73 251.
Malgré l’atrocité de la déportation, Charpak, qui racontera plus tard l'indicible dans l’ouvrage collectif "Allach, Kommando de Dachau", veut retenir de cet enfer, la vie et la solidarité. Du voyage en train, il écrit : "Certains d'entre nous ont même eu la force de faire sourire, voire même de faire rire, les autres. Par exemple, en décrivant puis en sifflant une belle fille qui passait dans une gare. Un sursaut de jeunesse et d'humanité qui fit passer dans ce wagon de damnés un inappréciable vent de légèreté et d'optimisme. La vie continuait et un jour nous la retrouverions... "
"On peut prendre une population relativement évoluée et lui bourrer le crâne à un degré incroyable. Si on veut faire quelque chose, il faut donc s'occuper d'éducation", a-t-il écrit dans Les Limites de l'humain. Et Georges Charpak faisait partie de ces rares passeurs.
Engagé et se définissant comme "citoyen du monde", Charpak considérait comme "incontournable" l’usage du nucléaire civile. En revanche, il s’est toujours engagé pour le désarmement nucléaire. Il militait pour placer les armements nucléaires sous contrôle international.
Première publication : 30/09/2010