Syrie : "On est passé d'une révolte à une guerre de religion"

Dernière modification : 03/05/2013
Alors que l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe en Syrie, Lakhdar Brahimi, serait sur le point de démissionner, le pays continue de s'enfoncer dans le chaos. Le politologue spécialiste du Moyen-Orient Fabrice Balanche livre son analyse.
Le conflit en Syrie dure depuis plus de deux ans. D’une révolte qui a éclaté dans le sillage des Printemps arabes en 2011, le conflit s’est mué en guerre civile. En février, l’ONU dénombrait 70 000 morts, mais ce bilan est aujourd’hui largement dépassé, les combats s’étant intensifiés ces deux derniers mois.
Fabrice Balanche, maître de conférence à l'université Lyon 2 et directeur du Groupe de recherches et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient à la Maison de l’Orient, répond aux questions de FRANCE 24.
Violents combats en pays alaouiteDe violents combats ont éclaté pour la première fois jeudi 2 mai entre armée syrienne et rebelles aux abords de la ville à majorité alaouite de Banias (nord-ouest), a indiqué une ONG syrienne. Ces attaques auraient fait des dizaines de morts dont des femmes et des enfants.
La région de Banias est majoritairement alaouite, comme le clan du président Bachar al-Assad, avec une population sunnite dans les villages à sa périphérie sud.
FRANCE 24 : Lakhdar Brahimi, l'émissaire de l’ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, devrait démissionner dans les jours qui viennent. Quelles options reste-t-il à la communauté internationale pour trouver une solution politique au conflit ?
Fabrice Balanche : Il faudrait réussir à amener tous les acteurs internationaux autour d’une table et à les convaincre de cesser de prendre partie pour l’un ou l’autre camp. Mais si on fait ça, c’est le régime qui l’emporte. Parce qu’en privant l’opposition d’un soutien extérieur, le régime a assez de force et de matériel pour l’emporter, même s’il n’a plus le soutien de la Russie ou de l’Iran. En résumé, la situation ne peut pas se débloquer au niveau international. Par conséquent, on se dirige vers une poursuite des affrontements. L’ONU devrait donc, selon toute probabilité, nommer un nouveau médiateur.
Première publication : 02/05/2013