La loi anti-terroriste de Brown votée de justesse
Les députés britanniques ont adopté un projet de loi controversé prévoyant d'allonger la durée de la garde à vue pour les suspects de terrorisme en cas de "menace exceptionnelle et grave". Un vote crucial pour Gordon Brown. (B. Paviot)
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Le Premier ministre britannique Gordon Brown a remporté d'une courte tête mercredi soir un vote crucial aux Communes sur un projet de loi antiterroriste controversé, malgré la défection de plusieurs dizaines de députés travaillistes.
Le texte a été approuvé par 315 voix pour et 306 voix contre, soit une courte majorité de neuf voix, lors d'un vote incertain jusqu'à la dernière minute.
Près de 40 députés travaillistes "rebelles" ont mis leur menace à exécution et voté avec l'opposition contre ce projet défendu depuis plusieurs mois par Gordon Brown, selon les médias.
Les neuf députés du petit Parti démocrate unioniste (DUP) d'Irlande du Nord ont "sauvé" le Premier ministre en votant en faveur du projet de loi, allégeant au moins provisoirement la pression sur un Gordon Brown battant des records d'impopularité.
Ce projet de loi prévoit de porter de 28 à 42 jours la durée maximale de la garde à vue sans inculpation pour les suspects de terrorisme en cas de "menace exceptionnelle et grave". Soutenu par une majorité de Britanniques, il est très contesté par la classe politique et les associations de défense des droits civiques.
Le gouvernement de Gordon Brown avait multiplié les concessions ces derniers jours pour éviter une défaite, qui aurait été son premier échec au Parlement depuis son accession au pouvoir fin juin 2007.
Brown "serait sur le chemin de la sortie s'il avait perdu" mercredi soir, a estimé le député travailliste Austin Mitchell après le vote.
Pour l'un des chefs de file des rebelles, John Grogan, c'est le "pire résultat possible" pour le gouvernement, qui n'a dû son salut qu'à l'apport des voix du DUP, malgré une majorité théorique de 65 députés travaillistes aux Communes.
Quelques heures avant le vote, M. Brown avait défendu son projet devant les députés.
"Notre principal devoir est la protection de la sécurité nationale", avait-il affirmé lors de la séance hebdomadaire des questions au Premier ministre.
"Nous avons jugé, après avoir étudié tous les éléments, y compris ceux de la police et des service de sécurité, que c'était la meilleure chose à faire", a-t-il ajouté, arguant notamment de la nécessité de pouvoir étendre la garde à vue pour faire face à la complexité croissante des réseaux terroristes.
Pour tenter de convaincre les derniers indécis avant ce vote crucial, considéré comme un test sur le soutien du Labour à Gordon Brown après deux lourdes défaites électorales, le gouvernement a lâché du lest ces derniers jours, promettant notamment un contrôle accru du Parlement.
Dernière concession en date : M. McNulty a laissé entendre mardi soir que tout suspect qui serait maintenu en détention sans inculpation pendant 42 jours et finalement remis en liberté, pourrait se voir verser jusqu'à 3.000 livres (3.800 euros) de dédommagements.
Par ailleurs, à en croire la presse, les responsables du Labour ont promis aux députés potentiellement rebelles de soutenir une cause qui leur est chère s'ils se montraient conciliants --alléger les sanctions contre Cuba pour l'un, aider les anciens mineurs souffrant d'une maladie des poumons pour un autre...
M. Brown avait toujours refusé de considérer un éventuel échec comme un "vote de défiance". Pourtant une défaite du gouvernement n'aurait pas manqué de relancer les rumeurs sur la "guerre de succession" censée se dérouler en coulisses avant le prochain congrès annuel du Labour en septembre prochain.
Pour autant, le gouvernement n'est pas encore tiré d'affaire: ce projet de loi antiterroriste doit encore être soumis à l'approbation de la chambre des Lords, chambre haute du Parlement, où les réticences à l'encontre de cette réforme sont encore plus fortes qu'aux Communes.
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