Uribe convoque une élection présidentielle anticipée
Le président colombien Alvaro Uribe a demandé au Congrès de convoquer immédiatement une élection présidentielle anticipée, engageant ainsi un bras-de-fer avec la Cour suprême de justice. (Récit : M. Bertsch)
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Le chef de l'Etat colombien Alvaro Uribe, élu jusqu'en mai 2010, a demandé vendredi au Congrès de convoquer immédiatement une nouvelle élection présidentielle et engagé un bras de fer avec la Cour suprême de justice qui s'efforce de l'empêcher d'être une troisième fois candidat.
"Je convoquerai le Congrès de la République pour qu'il engage avec la plus grande célérité un projet de loi" qui appelle les Colombiens à une nouvelle élection présidentielle, a déclaré le chef de l'Etat dans une allocution radio-télévisée à la nation.
Alvaro Uribe a par ailleurs implicitement accusé la Cour Suprême de justice d'abus de pouvoir.
M. Uribe a fait ce discours quelques heures après que la Cour suprême eut ordonné de réviser la réforme constitutionnelle qui a permis sa réélection en 2006, ce qui l'empêcherait de se représenter à la présidence.
En Colombie avant la présidence d'Uribe, la Constitution ne permettait pas à un chef d'Etat d'effectuer deux mandats successifs.
"Les raisons de fait et de droit qui ont servi de fondement à cette décision (d'autoriser un second mandat), montrent que l'approbation de la réforme constitutionnelle (ndlr: de 2006 permettant la réélection d'Uribe) a été l'expression d'une claire et manifeste déviation de pouvoir", ont indiqué dans leur arrêt les magistrats de la Cour suprême.
La décision de la Cour suprême est intervenue à la suite de la condamnation à 47 mois de prison d'une ex-congressiste, Yidis Medina, qui a confessé avoir été corrompue par le gouvernement conservateur d'Uribe pour voter au Congrès en faveur de la réélection en 2006 de l'actuel chef de l'Etat.
"La Cour suprême applique une justice sélective", a affirmé dans son discours M. Uribe.
Plus prudent, le nouveau ministre de l'Intérieur et de la Justice Fabio Valencia a déclaré: "Nous n'avons recu aucune notification officielle de la part de la Cour suprême. J'attendrai cette notification avant de me prononcer".
Le Parti libéral (opposition) a immédiatement réagi en accusant Alvaro Uribe de vouloir "provoquer une crise institutionnelle".
"Ce qui se passe est très préoccupant. Cette annonce est très grave car c'est une attitude de défi du président face à la justice. Le gouvernement a réagi à chaud et tente de provoquer une crise institutionnelle", a estimé Cecilia Lopez, porte-parole du Parti libéral au Sénat.
"Le président est irascible devant les critiques. Il pense, en s'appuyant sur sa popularité, que ses actes sont justifiables", soutient Carlos Gaviria, porte-parole et ancien candidat à la présidentielle du Pôle démocratique alternatif (opposition de gauche).
"J'ai exercé la présidence avec amour pour la Colombie, avec l'unique objectif de bien servir l'intérêt général. J'ai voulu lutter pour un pays sûr, prospère et équitable", a proclamé M. Uribe dans son discours.
Cet épisode constitue un affrontement entre "un président qui se sait très populaire et qui se lance aujourd'hui dans une élection qu'il est capable de gagner et des magistrats qui veulent empêcher à tout prix que le dirigeant accommode la Constitution à ses prétentions en vue d'un troisième mandat", a commenté pour l'AFP Pedro Medellin, professeur à l'Université nationale de Bogota.
En mai 2006, Alvaro Uribe, qui présentait un programme de lutte contre les groupes illégaux, notamment contre la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc-marxiste), avait été largement réélu avec 7,3 millions de voix, soit 62% des votes.
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