EDF rachète British Energy pour 15,6 milliards d'euros
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Une offre soumise par EDF pour le rachat de l'exploitant britannique de centrales nucléaires, British Energy, aurait été acceptée par cette dernière, a annoncé le groupe français. La transaction s'élèverait à 15,6 milliards d'euros.
Avec le rachat de British Energy par EDF, le Royaume-Uni, encore très dépendant du gaz et du pétrole, fait après bien des atermoiements le premier pas décisif sur la voie du "renouveau nucléaire" souhaité par ses dirigeants.
Le nucléaire n'était pas une option recherchée tant que le Royaume-Uni était auto-suffisant en énergie, grâce aux ressources en hydrocarbures de la Mer du Nord. Mais ces jours sont révolus et le pays est importateur net depuis plusieurs années déjà, tandis que les Britanniques font les frais de la flambée des prix de l'énergie.
Depuis cet été, les six grands opérateurs d'énergie du pays (dont quatre étrangers comme EDF, premier fournisseur d'électricité) ont annoncé des hausses comprises entre 9 et 19,2% pour l'électricité et 22 et 35% pour le gaz, et la situation est telle que le Royaume-Uni, en attendant d'avoir développé suffisamment les énergies renouvelables, compte construire de nouvelles centrales au charbon.
Or le nucléaire ne compte pour l'instant que pour un cinquième dans la fourniture d'électricité au Royaume-Uni, contre quatre cinquièmes en France.
Déjà en 2006, le gouvernement, sous la direction de Tony Blair s'était prononcé pour la relance de cette forme d'énergie, alors que les dix centrales nucléaires du pays (dont huit possédées par British Energy) arriveront au terme de leur vie entre cette année et 2035.
Mais la consultation publique avait dû être refaite à la demande des associations écologistes, et ce n'est qu'en janvier de cette année que le gouvernement a autorisé la construction de nouvelles centrales.
Après aussi le retard dû à l'échec d'un premier accord de rachat fin juillet, l'accord entre Britih Energy et EDF est enfin signé et "le renouveau du nucléaire devient une réalité", a considéré le Premier ministre Gordon Brown mercredi.
Le travail va désormais commencer très rapidement.
EDF s'est aussitôt engagé à construire quatre nouveaux réacteurs EPR, deux dans des centrales existantes, Hinkley Point (ouest) et Sizewell (est). Le premier fonctionnera à partir de 2017. Ils fourniront 13% de l'électricité du pays en 2020.
Et maintenant que le train est lancé, le gouvernement ne veut pas s'arrêter là. Le ministre des Entreprises, John Hutton, a indiqué que l'ambition du gouvernement "était d'avoir plus d'un seul opérateur nucléaire", soulignant des "signaux fort d'appétit" de la part du secteur énergétique dans son ensemble.
D'une part, le groupe britannique Centrica a d'ores et déjà annoncé être en discussions avec EDF pour récupérer un quart de British Energy, ce qui donnerait une caution britannique à un rachat vu parfois au Royaume-Uni comme profitant essentiellement "au contribuable et à l'emploi français", ainsi que l'a dit mercredi l'association anti-nucléaire Greenpeace.
Ensuite le projet de vente à EDF prévoit la cession par le français de certains terrains rachetés en même temps que British Energy, et qui pourront servir à d'autres. L'autorité de démantèlement des centrales existantes, la NDA, va aussi vendre des terrains.
Le groupe allemand RWE a confirmé mercredi qu'il était potentiellement intéressé, et son compatriote EON serait aussi sur les rangs. Tous deux sont déjà présents au Royaume-Uni, avec l'Espagnol Iberdrola, ainsi que Centrica et un autre groupe britannique, Scottish and Southern Energy.
Les syndicats ont pour leur part approuvé le rachat de British Energy qui ouvre la voie à ce renouveau. "EDF était le seul acheteur potentiel" à ce stade, a considéré le plus grand syndicat, Unite.
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