Le pionnier du cyber-activisme Howard Dean invité d'honneur du PS
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Le démocrate Howard Dean, pionnier du cyber-activisme politique, à été invité à Paris pour un débat sur la revitalisation de la vie politique. Les leçons de la présidentielle américaine peuvent-elles être appliquées à la France ?
L’homme, connu dans le monde pour avoir mené la première campagne électorale du XXIe siècle, arrive à Paris pour prêcher la bonne parole de l’activisme politique sur Internet.
Samedi, dans un hall parisien, Howard Dean, ancien gouverneur du Vermont et candidat malheureux à l’investiture démocrate pour la présidentielle de 2004, a tenté de partager les bases de son expérience acquise au cours de sa cyber-campagne avec un groupe de membres et de sympathisants du Parti socialiste (PS).
Cinq mois, jour pour jour, après la victoire de Barack Obama, au terme d'une campagne marquée par une communication sur Internet d’une extraordinaire ampleur, Howard Dean, aussi appelé "l’architecte" de la stratégie de campagne d’Obama, a reconnu lors d’un passage à Paris, en avril, sa contribution à l’histoire.
Dean a beau avoir perdu la primaire démocrate face à John Kerry, en 2004, il a tout de même réussi à susciter une véritable passion chez ses supporters – surnommés "Deaniacs" ou les "Bébés Deanie" - à travers l’organisation de récolte de fonds en ligne. Il a ainsi généré un activisme populaire sans précédent dans la politique américaine.
Se référant à la course présidentielle de 2004, Dean note que sa liste, forte de millions de contacts rassemblés au cours de sa campagne, a été utilisée lors de celle d’Obama.
"Alors que Barack Obama et Hillary Clinton écumaient les Etats-Unis pour les primaires, nous avions une liste nationale de tous les électeurs", dit-il. "Nos troupes étaient prêtes à partir. Nos listes étaient prêtes à partir. Nous avions déjà du personnel sur le terrain prêt à agir depuis quatre ans et nous savions ce que nous faisions."
De "Dean le crieur" au rêveur socialiste
Les sobres panneaux en bois qui ornent les murs de la mairie du IVe arrondissement contrastent avec les énormes foules de dizaines de milliers de fans en délire que Dean affronta lors de sa campagne, en 2004.
Aux heures de gloire de Dean, ses talents d’orateur ont atteint leur apogée avant de finir par lui être fatals. La vidéo du discours qu’il donna après sa défaite aux primaires de 2004 montre un candidat rubicond et brailleur, poussant ce qui a par la suite été appelé "le cri de Dean" (voir vidéo ci-dessous). Il a rendu les électeurs si nerveux que sa campagne s’est arrêté net.
Mais dans son nouveau rôle de gourou politique et président émérite du Comité national du Parti démocrate (DNC), Dean est désormais un homme plus subtil.
Sur un podium avec deux étoiles montantes du Parti socialiste français, Arnaud Montebourg et Delphine Batho, Howard Dean était l’invité spécial d’un débat sur la modernisation de la vie politique, organisé par le groupe de réflexion de gauche, Terra Nova.
Pour le militant socialiste de base dans le public, l’objectif du débat était unique : comment adapter "l’effet Dean" à la France afin de propulser le parti d’opposition au pouvoir.
Le PS, déchiré par la lutte entre Ségolène Royal et Martine Aubry, n’a plus eu de président de la République depuis le départ François Mitterand, en 1995.
Mais Howard Dean a bien insisté : étant un politicien américain, il peut partager son expérience, mais pas proposer de solutions. "Les problèmes du Parti socialiste en France sont les problèmes du Parti socialiste", a-t-il affirmé à plusieurs reprises.
La question de savoir s’il est possible d’appliquer la "cyber-méthode Dean" à un pays qui possède un des meilleurs, et des plus coûteux, systèmes de santé au monde, alors que seulement 50 % des Français sont connectés à la Toile, est restée sans réponse.
Lors de son discours, Arnaud Montebourg a suggéré que le système de primaires ouvertes pour déterminer le candidat du parti pourrait constituer "une évolution pour la gauche et le PS".
Mais Dean a mis en garde contre le modèle de primaires à l’américaine. "Un des problèmes des primaires, c’est la désunion", a-t-il prévenu. "On ne pas tout importer ce que l’on fait aux Etats-Unis en France."
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