Guéant et Squarcini portent plainte contre Mediapart pour diffamation
Le secrétaire général de l'Élysée Claude Guéant et le chef du contre-espionnage Bernard Squarcini ont porté plainte contre le site d'information Mediapart pour diffamation. Deux journalistes ont affirmé jeudi avoir été espionnés.
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AFP - Accusé par Mediapart de piloter des opérations illégales de surveillance de journalistes, le bras droit du président Nicolas Sarkozy, Claude Guéant, a décidé de contre-attaquer en portant plainte contre le site d'information en ligne.
Le secrétaire général de l'Elysée a annoncé samedi à l'AFP qu'il porterait plainte pour "diffamation". "Je poursuis Mediapart pour diffamation par voie de citation directe", a affirmé M. Guéant, en précisant que ce serait "fait la semaine prochaine".
Selon le principal collaborateur du chef de l'Etat, les accusations portées contre lui par Mediapart "n'ont aucune espèce de fondement". "C'est indigne. On ne peut pas laisser passer de tels procédés, laisser dire des mensonges qui déshonorent les gens".
"C'est la première fois que je porte plainte", a encore déclaré M. Guéant, qui s'est entretenu vendredi avec son avocat, Me Jean-Yves Dupeux. Me Dupeux a précisé à l'AFP que la plainte de son client était "en cours".
"C'est l'hôpital qui se moque de la charité", a aussitôt réagi le patron de Mediapart, Edwy Plenel. "Si (M. Guéant) maintient cette décision, ce sera une superbe occasion d'un procès où la liberté de l'information mettra en évidence la part d'ombre de cette présidence", a-t-il également déclaré à l'AFP.
Jeudi, Mediapart --dont deux journalistes enquêtant sur les affaires Karachi et Woerth/Bettencourt affirment avoir été pistés et "géolocalisés" par les services français-- avait cité M. Guéant comme étant chargé des opérations de surveillance.
Dans son édition de samedi, Le Journal du Dimanche affirme que non seulement Claude Guéant mais aussi Bernard Squarcini, directeur de la DCRI, le contre-espionnage français, déposent plainte.
M. Squarcini a déclaré au JDD que ces informations visent à "déstabiliser la boutique à un moment où la menace terroriste n'a jamais été aussi forte". Selon l'hebdomadaire, il a demandé à son avocat, Me Patrick Maisonneuve, de rédiger une plainte en diffamation.
Dans son édition de mercredi, le Canard Enchaîné avait lui accusé Nicolas Sarkozy de superviser "personnellement" l'espionnage de certains journalistes chargés de la couverture d'affaires sensibles, une allégation qualifiée de "totalement farfelue" par l'Elysée.
Selon l'hebdomadaire, qui citait des sources anonymes au sein de la DCRI, "un groupe" a même été monté à cette fin, composé de "plusieurs anciens policiers des RG", qui "se procurent les factures détaillées du poste fixe et du portable du journaliste à espionner".
"Il n'existe pas de cabinet noir à la DCRI", avait rétorqué mercredi le patron du contre-espionnage dans une déclaration à l'AFP. "Aucun groupe n'est chargé de s'intéresser aux journalistes" à la Direction centrale du renseignement intérieur, avait ajouté M. Squarcini en précisant alors qu'il étudiait "la possibilité de déposer plainte pour diffamation".
Le Canard Enchaîné a quant à lui maintenu ses affirmations.
Mediapart a déjà fait l'objet d'assignations en justice dans le cadre de l'affaire Woerth/Bettencourt. En juillet, Liliane Bettencourt et son gestionnaire de fortune Patrice de Maistre avaient ainsi tenté en vain d'obtenir le retrait des enregistrements clandestins entre la milliardaire et son entourage.
Le site d'information a aussi été la cible d'attaques très vives du gouvernement et de l'UMP, qui l'accusent de recourir à des méthodes "anti-démocratiques", voire "fascistes".
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