YÉMEN

L'imam radical américano-yéménite Al-Awlaqi abattu par un drone de la CIA

Washington a confirmé la mort d'Anwar al-Awlaqi et précisé que son décès était intervenu au cours d'une attaque menée par un drone de la CIA. L'imam d'origine américaine est l'une des figures emblématiques d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique.

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REUTERS - Anouar al Aoulaki, que les Etats-Unis considéraient comme un chef d'Al Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), a été tué vendredi au Yémen par un drone de la CIA, ont fait savoir les autorités américaines.

Cet imam d'origine américaine, qui avait appelé les musulmans des Etats-Unis au "djihad", était recherché "mort ou vif" par l'administration de Barack Obama, qui le qualifie de "terroriste international". Sa mort prive Aqpa d'un de ses propagandistes anglophones les plus inspirés.

"Le terroriste Anouar al Aoulaki a été tué avec certains de ses compagnons", écrit le ministère yéménite de la Défense dans un SMS adressé à des journalistes, sans plus de détails.

Trois autres membres présumés d'Al Qaïda ont trouvé la mort aux côtés de l'imam d'ascendance yéménite âgé de 40 ans, selon Sanaa. Parmi eux figure Samir Khan, un Américain d'origine pakistanaise qui faisait partie de la rédaction d'Inspire, le magazine anglophone en ligne d'Aqpa, qui publie souvent des écrits d'Aoulaki.

"Nous avons retrouvé leurs corps. Il y avait une autre voiture dans laquelle se trouvaient aussi des membres d'Al Qaïda, mais ils ont pu s'enfuir", a déclaré un dignitaire local.

Un drone américain avait déjà tenté en mai d'abattre Anouar al Aoulaki au Yémen.

Selon l'ambassade du Yémen à Washington, il a trouvé la mort vers 09h55 (06h55 GMT) à huit km de Khachef, dans la province d'Al Djaouf frontalière de l'Arabie saoudite, et à 140 km à l'est de Sanaa. Il a été localisé sur la base d'informations fournies par un membre d'Aqpa en détention, dit-on à Sanaa.

Anouar al Aoulaki a notamment été impliqué dans l'attentat manqué du 25 décembre 2009 à bord d'un vol Amsterdam-Detroit. Il avait reconnu avoir eu comme disciple au Yémen le jeune Nigérian responsable de cette tentative d'attentat.

Plusieurs des pirates de l'air du 11-Septembre ont par ailleurs fréquenté les mosquées américaines où il prêchait.

"Difficile à remplacer"

Un membre éminent de l'administration américaine l'a présenté comme "le chef des opérations extérieures" d'Aqpa.

"Aoulaki a joué un rôle important dans l'attentat manqué à bord d'un avion de ligne américain en décembre 2009 et a participé à la supervision du complot d'octobre 2010 visant à faire exploser un avion cargo américain", a-t-il dit, évoquant le vol Amsterdam-Detroit et l'interception de colis piégés à destinations des Etats-Unis. 

Washington l'accuse en outre d'avoir voulu empoisonner des Occidentaux et lui reproche des échanges de courriers électronique avec le psychiatre militaire qui a tué 13 personnes sur la base texane de Fort Hood, en 2009.

Les méfaits présumés d'Al-Awlaqui

En juillet, Leon Panetta, tout juste entré en fonctions au poste de secrétaire américain à la Défense, avait déclaré sans plus de précisions que l'armée américaine et la CIA, dont il était auparavant directeur, étaient engagées dans un certain nombre d'opérations contre des extrémistes islamistes au Yémen.

Il avait alors exposé la stratégie américaine de lutte contre Al Qaïda, consistant à cibler en priorité les dirigeants du réseau islamiste. Il avait nommément cité Anouar al Aoulaki.

Les autorités yéménites avaient déjà annoncé sa mort par erreur en 2009. Aqpa confirme d'ordinaire le décès de ses dirigeants quelques jours après sur internet.

"S'il est mort, Aoulaki sera difficile à remplacer. C'est un coup dur pour les opérations internationales d'Aqpa. Aoulaki a contribué à la stature internationale du mouvement", souligne Jeremy Binnie, expert du terrorisme chez IHS Jane's, à Londres.

L'imam n'était ni un haut dignitaire religieux ni un responsable très important de la branche yéménite d'Al Qaïda, mais il a joué un rôle prépondérant dans sa renommée.

"La mort d'Aoulaki ne va pas affecter les opérations d'Aqpa, parce qu'il n'avait pas de rôle dirigeant, mais l'organisation a perdu une figure importante pour le recrutement à l'étranger", estime Saïd Obeid, spécialiste yéménite d'Al Qaïda.

"Il avait un talent rare qui pouvait convaincre, recruter et mobiliser. Si les Etats-Unis l'ont tué, ils ont touché une cible de choix", confirme Henry Wilkinson, analyste en chef de la compagnie britannique Janusian.

Sa disparition fait les affaires du président yéménite Ali Abdallah Saleh, qui s'accroche au pouvoir malgré la contestation qui dure depuis janvier et les pressions internationales.

 

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