Les Français particulièrement contaminés par les pesticides
Publié le : Modifié le :
Le taux de certains pesticides décelé dans l’organisme est plus élevé chez les Français que chez les Allemands, les Canadiens ou les Américains, selon les conclusions de la toute première étude du genre réalisée par l’Institut de veille sanitaire.
Pour la première fois en France, une vaste étude sur la présence de pesticides et autres substances chimiques dans notre organisme a été menée par l’Institut de veille sanitaire (InVS), établissement public dépendant du ministère de la Santé.
Après un premier tome d’informations générales publiées en 2011, des conclusions plus détaillées, qui ont été dévoilées lundi 29 avril, indiquent que le taux de pesticides et insecticides dans les organismes de la population française sont "parmi les plus élevés en référence à des pays comparables", selon l’InVS.
Proximité des habitations avec les champs
Ainsi, les pyréthrinoïdes, famille d’insecticides la plus utilisée par les professionnels de l’agriculture et les particuliers, sont plus présents chez les Français que les Allemands, les Canadiens ou encore les Américains. "La consommation de certains aliments et l’utilisation domestique de pesticides (traitement antipuces des animaux domestiques ou traitement d’un potager) influencent de façon importante les niveaux d’imprégnation", explique le rapport.
Une différence avec l’étranger qui peut également s’expliquer, selon l’ONG Générations futures, par "le fait qu’en France, contrairement à d’autres pays plus vastes comme les États-Unis, les habitations sont souvent très proches des champs traités", explique à FRANCE 24 Nadine Lauverjat, porte-parole de l’organisation.
Toutefois, tous les types d'insecticides ne sont pas logés à la même enseigne. L’interdiction, il y a quarante ans, des pesticides dits organochlorés, semble avoir porté ses fruits. Parmi ces produits, on compte l’insecticide controversé DDT, retiré du marché en 1972 en France et dont la toxicité et la persistance ont longtemps fait débat à travers le monde. Utilisés intensivement après la Seconde Guerre mondiale afin d’augmenter la productivité agricole et d’éradiquer certaines épidémies comme le paludisme, la concentration dans l’organisme des pesticides organochlorés est aujourd’hui relativement basse, affirme l’InVS.
Les restes alarmants de la pollution par PCB
La France est le premier pays consommateur de pesticides en Europe. Leur utilisation a augmenté de 2,5 % en 2011 alors que le plan Ecophyto, lancé en 2008 par le ministère de l’Agriculture, vise à diviser par deux leur usage d'ici 2018.
Plus de 90% des pesticides sont utilisés par les agriculteurs, le reste par des jardiniers amateurs ou par les collectivités locales pour se débarrasser des herbes folles dans les parcs, cimetières et autres voies ferrées.
Mais d’autres substances actuellement interdites n’ont pas été aussi bien éliminées par le corps humain. C’est le cas des produits de synthèse dits polychlorobiphényles (PCB), dont le taux de concentration dans l’organisme demeure préoccupant malgré son interdiction en France depuis 1987.
Autrefois utilisés dans les encres, les peintures ou encore les transformateurs électriques, ou les chauffages, les PCB sont aujourd’hui trois fois moins présents dans le sang des Français. "Cependant, l’héritage historique de la pollution par les PCB est encore présent", assure l’InVS, chiffres à l’appui : environ 13 % des femmes en âge de procréer (18-45 ans) et 1 % des autres adultes possèdent une concentration en PCB supérieure aux seuils critiques fixés par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.
Une nouvelle étude à venir
Selon l’InVS, les données présentées dans cette étude qui a été menée sur un échantillon de 400 personnes entre 2006 et 2007 ne représentent qu’un "état initial" de l’imprégnation de la population française par ces substances chimiques de l’environnement.
Ces travaux vont désormais être reconduits entre 2013-2014 afin de commencer à dégager une véritable tendance sur l’impact de ces substances. Cette nouvelle étude, comme la précédente, s’inscrit dans le cadre du Programme nationale nutrition santé qui, depuis 2001, traite également la prévalence de certaines maladies chroniques, les habitudes des consommations alimentaires, l’activité physique et de l’état nutritionnel des Français.
En parallèle, des voix s’élèvent pour que soit pris en compte l’impact des pesticides sur la santé des agriculteurs, de plus en plus exposés à des maladies respiratoires, troubles neurologiques, ou encore des cancers.
À l’échelle européenne, les études environnementales se multiplient et Bruxelles a décidé, le 29 avril, d'interdire provisoirement l'utilisation de trois pesticides largement répandus dans le monde qui seraient responsables de la disparition des abeilles.
Le résumé de la semaineFrance 24 vous propose de revenir sur les actualités qui ont marqué la semaine
Je m'abonne