ÉTATS-UNIS

Le sommet Afrique s’ouvre à Washington sur fond de propagation du virus Ebola

Barack Obama s'adresse à des jeunes leaders africains à Washington fin juillet
Barack Obama s'adresse à des jeunes leaders africains à Washington fin juillet Mandel Ngan, AFP

Une quarantaine de chefs d’État africains se rassemblent lundi à Washington pour le premier sommet Afrique – États-Unis organisé dans le pays. Les présidents du Liberia et de Sierra Leone, occupés à lutter contre Ebola, ont renoncé au voyage.

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Le président Barack Obama reçoit, lundi 4 août à Washington, une quarantaine de dirigeants africains pour un sommet sans précédent dans l'histoire des États-Unis, au moment où les yeux sont tournés vers l'ouest du continent confronté à une épidémie du virus Ebola.

L’objectif central, pour les Américains, de ce sommet de trois jours : tisser des liens économiques plus solides entre les États-Unis et l'Afrique, région prometteuse à la croissance supérieure à celle du reste du monde - le FMI prévoit 5,8 % pour 2015.

Washington, qui promet que la sécurité, la gouvernance et les droits de l'Homme seront aussi à l'ordre du jour, revendique sa place comme partenaire de l’Afrique, que Barack Obama qualifiait il y a un an de "prochaine grande ‘success story’ mondiale". Les États-Unis occupent désormais la troisième place au tableau des échanges commerciaux avec l'Afrique, loin derrière l'Union européenne, solidement en tête, et la Chine. La Maison Blanche assure que son initiative n'est en rien une riposte - tardive - à la "Chinafrique". La fulgurante offensive de la Chine sur le continent au cours de la décennie écoulée semble pourtant être dans tous les esprits.

"Mon conseil aux dirigeants africains est de s'assurer que si la Chine construit des routes et des ponts, d'une part ils embauchent des travailleurs africains, d'autre part que les routes ne relient pas seulement les mines au port qui permettra de rallier Shanghaï mais que les gouvernements africains aient leur mot à dire dans la façon dont ces infrastructures seront bénéfiques sur le long terme", a affirmé Barack Obama dans "The Economist". La prolongation de l'Agoa, le programme américain accordant des avantages commerciaux à certains produits africains, ou encore l'initiative "Power Africa", qui vise à doubler l'accès à l'électricité en Afrique subsaharienne, sont au menu des discussions.

Dictateurs invités

La composition de la liste des invités a fait - un peu - grincer des dents. Seuls les dirigeants de quatre pays, jugés infréquentables, n'ont pas été conviés : la Centrafrique, l'Érythrée, le Soudan et le Zimbabwe. Les indéboulonnables présidents de la Guinée équatoriale (Teodoro Obiang Nguema), du Cameroun (Paul Biya) ou encore de l'Angola (Eduardo dos Santos) ont en revanche reçu un carton d'invitation.

Pour l'organisation Human Rights Watch, Barack Obama ne peut pas rester silencieux sur les droits de l'Homme et doit notamment insister sur le cas de la Guinée équatoriale, où "la pratique de la torture est monnaie courante". Le chef de l'État ougandais, Yoweri Museveni, a, quant à lui, préparé sa venue : la Cour constitutionnelle ougandaise a opportunément annulé vendredi une loi anti-homosexualité qui avait suscité un tollé international et déclenché des sanctions américaines.

Lutte contre l’Aqmi et Boko Haram

Sur le dossier sécurité, la menace d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), les attaques répétées de Boko Haram, la guerre civile au Soudan du Sud ou encore les offensives meurtrières des Shebab somaliens au Kenya font partie des sujets qui doivent être abordés.

Pour le président américain, il s’agit "de trouver les moyens de renforcer les capacités africaines dans les efforts de maintien de la paix et de résolution des conflits". Avant son départ pour Washington, le président camerounais Paul Biya a souligné que cette rencontre devait être l'occasion de mettre en place, avec le Nigeria, le Niger et le Tchad, une véritable "stratégie régionale" pour lutter contre Boko Haram.

L’épidémie du virus Ebola au cœur des préoccupations

Mais c'est une crise sanitaire, celle du virus Ebola, à l'origine de plus de 700 morts en Afrique de l'Ouest, qui pourrait venir occuper le devant de la scène. Accaparés par la gestion de la plus grande épidémie depuis la découverte de cette maladie il y a 40 ans, le président sierra-léonais Ernest Bai Koroma et son homologue libérienne Ellen Johnson Sirleaf ont renoncé à venir aux États-Unis.

Des contrôles médicaux ont par ailleurs été mis en place à l'arrivée sur le sol américain pour les délégués venant de pays affectés. Des mesures de précaution pour des personnes qui auraient couru un "risque marginal, infinitésimal d'exposition", a assuré Barack Obama qui s'est voulu rassurant.

Aucune rencontre bilatérale n’a été prévue, pour cause de casse-tête logistique et diplomatique selon la présidence, mais un grand dîner aura lieu mardi soir à la Maison Blanche. Le nouveau président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, qui a décliné l'invitation, fera partie des absents remarqués.

Pour Peter Pham, de l'Atlantic Council, Barack Obama, né d'une mère américaine et d'un père africain, cherche d'abord avec ce sommet à "changer la perception" d'un continent qui compte six des dix pays dans le monde connaissant la croissance la plus forte mais reste encore, aux Etats-Unis, étroitement associée "aux conflits, aux maladies, à la pauvreté".

Avec AFP
 

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