ESPACE

Kosmos-2499, un ovni russe "tueur de satellites" ?

L’armée américaine commence à s’intéresser de très près à un engin spatial russe qu’elle avait, à tort, pris pour un débris de satellite. Le silence de Moscou a nourri les spéculations autour d'un retour du programme russe de "tueurs de satellites".

Le premier satellite envoyé dans l'espace était le Spoutnik russe.
Le premier satellite envoyé dans l'espace était le Spoutnik russe. Wikipedia Commons
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C’est un Ovrni, un objet volant russe non-identifié. Un engin envoyé en catimini dans l’espace par Moscou, en mai 2014, laisse les observateurs perplexes, révèle, mardi 18 novembre, le quotidien britannique "Financial Times". À tel point que l’armée américaine s’intéresse de très près à sa trajectoire. À l’heure des tensions entre l’Occident et la Russie à propos de l'Ukraine, certains médias ont envisagé l’hypothèse d’un satellite militaire capable d’abattre d’autres satellites.

"Il peut avoir une fonction civile ou militaire, il peut s’agir d’un simple engin de réparation ou d’un système militaire de brouillage de satellite", explique au "Financial Times" Patricia Lewis, une spécialiste de la défense spatiale au think-tank britannique Chatham House. C’est dire si à l’heure actuelle le flou règne.

Le passager 2499

Le mystère autour de cet engin spatial est tel qu’on ne sait même pas comment le qualifier. Au départ, il répondait au doux nom d’Objet 2014-28E, ou plus simplement Objet-E. C’est, en tout cas, sous cette appellation qu’il apparaissait dans le premier document de la Nasa à faire état de son existence en juillet dernier. À cette époque, l’agence spatiale américaine pensait qu’il s’agissait simplement d’un débris de satellite russe.

Sauf que cette thèse n’a pas résisté bien longtemps à la vigilance des observateurs amateurs. L’Objet-E a, en effet, une trajectoire qui ne correspond pas à celle d’un simple débris et donne l’impression d’effectuer des manœuvres prédéterminées.

Cet engin était, très probablement, le passager secret à bord du lanceur qui a mis sur orbite, le 23 mai dernier, les trois satellites Kosmos-2496, Kosmos-2497 et Kosmos-2498. Logiquement, ce quatrième larron spatial s’est vu affublé du nom de Kosmos-2499, même s’il n’a aucune existence officielle. L’armée américaine, quant à elle, lui a attribué le numéro 39765 afin de le répertorier dans son catalogue de satellites à identifier.

Relent de guerre froide

Reste à comprendre à quoi il sert. Le silence des autorités russes a laissé le champ libre à tout un florilège de théories. Surtout qu’il ne s’agit pas du premier satellite mystère que Moscou envoie dans l'espace ces derniers mois, rappelle le site spécialisé russianspaceweb.com. En décembre 2013, la Russie avait déjà annoncé le lancement de trois satellites de communication avant de reconnaître en juillet 2014 qu’un quatrième engin avait également été déployé dans l’espace… sans préciser la nature de sa mission.

Ces silences et non-dits ont remis au goût du jour des spectres issus de la Guerre froide. À l’époque, l’Union soviétique menait un programme appelé "Istrebitel Sputnikov" (tueur de satellite). Il a été officiellement arrêté dans les années 1980. Mais les militaires soviétiques, puis russes n’ont jamais caché leur désir de reprendre les recherches sur ce système de défense. En 2009, le général Vladimir Popovkin avait évoqué une série de mesures pour "améliorer le système national anti-satellite", rappelle russianspaceweb.com.

À l’heure où tant de matériels militaires ou civils dépendent des données GPS, la possibilité d’un "tueur russe de satellites a de quoi inquiéter aux États-Unis", résume le site britannique “The Register”. Mais toutes ces cachotteries ne dissimulent pas forcément de sombres desseins militaires, poursuit le site. "Après tout, les États-Unis ont aussi des programmes secrets qui ne sont pas systématiquement des nouveaux dispositifs d’armement", conclut "The Register". La Russie pourrait très bien travailler sur des nouvelles technologies de réparation spatiale ou de récupération de débris dont les responsables ne veulent pas parler tant que les tests ne sont pas concluants.
 

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