Musée de l'Immigration : boudé par Sarkozy, inauguré par Hollande
François Hollande doit inaugurer lundi le musée de l'Immigration, un lieu controversé ouvert en 2007. Le président de la République, en rupture avec son prédécesseur, devrait y prononcer un discours d'ouverture sur l'immigration.
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Sept ans après son ouverture, le musée de l’Immigration sera inauguré par le président François Hollande lundi 15 décembre en fin d'après-midi à Paris. Voulu par Jacques Chirac en 2002, ouvert sous Nicolas Sarkozy en 2007, c'est le seul musée national consacré à l’histoire et aux cultures de l’immigration, mais il n’avait encore jamais officiellement accueilli un président ou Premier ministre français.
La décision de créer un lieu de mémoire dédié à l'immigration a été prise par le président Jacques Chirac, au début de son second mandat en 2002. "C'est dans ce contexte très particulier du Front national au second tour (représenté par Jean-Marie Le Pen) que Jacques Chirac décide, après les élections, avec Jean-Pierre Raffarin, son Premier ministre, de relancer ce projet", rappelle Luc Gruson, directeur général d'un musée qui a failli ne jamais voir le jour, cité par l'AFP.
Le Palais de la Porte dorée dans le XIIème arrondissement de Paris, où se trouve la "Cité nationale de l'Histoire de l'immigration" a également une histoire bien particulière. Il a en effet été construit à l’occasion de l’Exposition coloniale de 1931 et a été tour à tour le Musée des Colonies jusque dans les années 60, puis Musée des Arts d’Afrique et d’Océanie, avant de fermer ses portes en 2003.
Polémique et fronde
En 2007, lorsque le musée ouvre ses portes, Nicolas Sarkozy vient d'être élu président de la République. Fraîchement installé à l'Elysée, l'ancien ministre de l'Intérieur de Jacques Chirac met en œuvre l’une de ses promesses de campagne en créant un ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Codéveloppement. Une décision controversée qui fait des vagues au musée de la porte dorée. La quasi-totalité des historiens da la cité de l'immigration démissionnent pour protester. Agacé par cette fronde, le président décide alors d'en snober l'ouverture.
"En 2009, on a tenté de nouveau de faire une inauguration, mais les journaux et la télévision régionale ont titré 'La police inaugure le musée de l'Immigration'", explique Luc Gruson. Il rappelle les "manifestations monstres" qui ont empêché le ministre de l'Identité nationale et transfuge socialiste Eric Besson d'y faire un discours.
"Reconnaissance de la France pour les immigrés"
En inaugurant ce lieu de mémoire et en y prononçant son premier discours officiel sur la question de l'immigration, François Hollande entend bien marquer sa différence avec Nicolas Sarkozy.
Dans un contexte de poussée électorale du Front national et de discours controversés sur l'immigration, François Hollande devrait y exprimer "la reconnaissance de la France pour les immigrés qui sont venus de toutes parts à la fois pour la sauver, l'enrichir, la développer dans toutes ses dimensions et parler aussi de l'immigration aujourd'hui et demain", explique-t-on dans l'entourage du chef de l'État.
"Ce sont des sujets qui peuvent rassembler : être un pays d'immigration c'est quand même être un pays fort", estime-t-on à l'Elysée, où l'on admet que le climat reste tendu en France sur cette question.
Aucune annonce majeure n'est attendue de la part du président qui avait promis, lors de sa campagne électorale, de donner le droit de vote aux étrangers, une réforme qui semble hors de portée actuellement.
Avec AFP
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