Décès de l'Italienne Virna Lisi, la Catherine de Médicis de "La Reine Margot"

Elle a travaillé avec les plus grands réalisateurs de Rome, Paris et Hollywood. L'actrice italienne Virna Lisi est décédée à l'âge de 78 ans, jeudi 18 décembre, dans la capitale italienne. C'est son fils, cité par les médias italiens, qui a annoncé la nouvelle, précisant que la comédienne était morte dans son sommeil des suites d'une maladie incurable.

Italienne au visage de Madonne qu'Hollywood imaginait en nouvelle Marilyn, elle a été dirigée par les plus grands, d'Alberto Lattuada à Mario Monicelli, en passant par Dino Risi, Henri Verneuil et Joseph Losey.

Dans près de 80 films pour le grand écran et une quarantaine pour la télévision, la déesse italienne est apparue dans des registres multiformes, osant passer des rôles de vamp à ceux de femme vieillie, enlaidie, méconnaissable mais toujours éblouissante.

Couronnée à Cannes

Après quelque 40 ans de carrière, elle avait reçu le Prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes 1994 ainsi qu’un César pour sa puissante interprétation de Catherine de Médicis dans "La Reine Margot" de Patrice Chéreau.

"Avec elle une femme libre et courageuse s'en va, très brave et d'une rare beauté et pourtant anti-diva", a réagi la présidente de la Chambre des députés italienne, Laura Boldrini, tandis que le ministre de la Culture, Dario Franceschini, a déploré la perte d'une actrice ayant su préserver "style et sobriété".

Née à Ancône, en Italie, le 8 novembre 1936, Virna Pieralisi, de son vrai nom, y passe ses premières années avant de s'installer à Rome avec sa famille. Elle a 16 ans lorsque le chanteur Giacomo Rondinella, un ami de ses parents, les convainc de la laisser jouer à ses côtés dans une petite comédie musicale "E Napoli canta".

Elle poursuit avec de petits rôles d'ingénue jusqu'à "La Femme du jour" de Francesco Maselli (1956) puis des rôles dramatiques sur petit écran.

Virna monte aussi sur les planches grâce à Vittorio Gassman, qui la présente à Giorgio Strehler, directeur du Piccolo Teatro de Milan. Au printemps 1956, le metteur en scène lui fait interpréter Lucile Desmoulins dans "Les Jacobins", de Federico Zardi, au côté de Serge Reggiani en Robespierre.

Expérience hollywoodienne écourtée

Après son mariage en avril 1960 avec l'architecte romain Franco Pesci, elle privilégie sa vie personnelle mais retrouve les plateaux pour "Eva", sous la direction de Joseph Losey, avec Jeanne Moreau (1962) puis "La Tulipe noire" (Christian Jacque, 1963) et "Les Poupées" (Dino Risi, 1964).

Appelée à Hollywood, elle y emmène son mari et son fils Corrado, alors âgé de 2 ans, signe un contrat de sept ans avec la Paramount et tourne entre autres "Comment tuer votre femme" avec Jack Lemmon. Mais refusant d'être cantonnée aux rôles de blonde sexy, elle dédaigne "Barbarella" de Roger Vadim - qui sera un immense succès pour Jane Fonda - et rompt son contrat après seulement trois ans.

Actrice jusqu'à ses derniers jours

Sa carrière se poursuit de Rome à Paris, Londres ou Berlin, parfois dans des productions hollywoodiennes, comme "L'Arbre de Noé" (Terence Young, 1969), "Barbe-Bleue" d'Edward Dmytryk (1972) ou encore "Le Serpent" (Henri Verneuil, 1972).

Ses films-phares comptent aussi "Au-delà du bien et du mal" (Liliana Cavani, 1977), "La Cigale" (Alberto Lattuada, 1980), "Sapore di Mare" (Carlo et Enrico Vanzina, 1982), "Joyeux Noël... Bonne année" (Luigi Comencini, 1990)...

Sa carrière sur grand écran se termine avec Cristina Comencini, fille de Luigi, sous la direction de laquelle elle tourne "Va où ton cœur te porte" (1996) et "Le plus beau jour de ma vie" (2002). Elle marque aussi le petit écran dans "Balzac", téléfilm de Josée Dayan (1999) aux côtés de Gérard Depardieu, Jeanne Moreau et Fanny Ardant.

En Italie, après six Nastri d'Argento de la meilleure actrice, un prix David de Donatello couronne en 2009 l'ensemble de sa carrière, qu'elle poursuit à la télévision où elle a travaillé jusqu'à ses derniers jours.

La mort de son mari en septembre 2013 l'avait laissée veuve après une histoire d'amour de 53 ans, entourée de son fils et de trois petits-fils.

Avec AFP