TURQUIE

Libération d’un lycéen arrêté pour avoir insulté Erdogan

Une manifestation contre la politique du gouvernement d'Erdogan, le 20 décembre, à Ankara.
Une manifestation contre la politique du gouvernement d'Erdogan, le 20 décembre, à Ankara. Adem Altan, AFP

Un jeune turc qui avait été arrêté au sein même de son établissement scolaire à Konya pour avoir insulté le président Erdogan a été libéré, ont indiqué des médias turcs. Son interpellation avait créé un début de polémique dans le pays.

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Le lycéen de 16 ans qui avait été inculpé et incarcéré mercredi à Konya (centre de la Turquie), pour "insulte au président" Recep Tayyip Erdogan, a été libéré vendredi 26 décembre à la suite d'une plainte déposée par ses avocats, ont rapporté les médias turcs.

C’était la première fois qu'un mineur turc était arrêté puis placé en détention pour avoir insulté le président conservateur Recep Tayyip Erdogan. L’adolescent avait été interpellé par les forces de l'ordre au sein même de son établissement scolaire. Il était accusé de s'en être pris verbalement au chef de l'État sur Twitter - un délit passible de prison, selon le code pénal turc.

Le jeune homme, présenté comme étant membre d'un mouvement de gauche, avait publiquement déclaré sur le réseau social qu'Erdogan était "le chef du vol, des pots-de-vin et de la corruption", a précisé Jérôme Bastion, le correspondant de RFI en Turquie. Présenté à un juge dans la soirée de mardi, le mineur avait rejeté ces accusations avant d'être écroué. Il risquait jusqu'à quatre ans de prison.

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"Le lycéen a plaidé non coupable, et son avocat a rappelé que ces accusations circulaient librement sur les réseaux sociaux, mais cela n’a pas empêché son incarcération", a expliqué le correspondant de RFI. Son arrestation avait soulevé de vives critiques de l'opposition dénonçant la "dérive fascisante" du régime islamo-conservateur ainsi qu'une levée de boucliers sur les réseaux sociaux.

Très vite, la controverse autour de cette arrestation a enflé sur Internet. Riza Türmen, député de l'opposition et ex-juge de la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) avait vivement dénoncé cette arrestation, qui, selon lui, va à l'encontre de la convention des droits de l'enfant de l'ONU. "Les régimes qui s'emparent d'enfants dans des classes d'écoles et les jettent en prison sont des régimes fachistes", a-t-il martelé sur son compte Twitter.

"Un environnement de peur, d'oppression et menaçant" est en train d'être créé par la présidence, a déclaré sur Twitter Atilla Kart, membre du CHP (Parti républicain du peuple, laïque), principal parti d'opposition.

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De son côté, le Premier ministre Ahmet Davutoglu, interrogé par la presse, avait défendu la décision de la justice. "Tout le monde doit faire preuve de respect à l'égard de la fonction de président", a-t-il répondu aux journalistes.

Selon RFI, trois autres lycéens qui manifestaient leur soutien au jeune incarcéré ont été interpellés en fin d'après-midi, jeudi 25 décembre, et quatre autres étudiants (non mineurs) faisaient également l'objet de poursuites pour le même motif. Ils n’ont toutefois pas été arrêtés.

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Le gouvernement turc, dirigé de mars 2003 à août 2014 par Erdogan ensuite élu président, a été visé lors de l'été 2013 par une contestation populaire inédite pour sa "dérive autoritaire" et "islamiste". Un vaste scandale de corruption a fait trembler ensuite le pouvoir à l'hiver 2013-2014, une affaire qui a été par la suite classée par la justice.

Avec AFP et Reuters
 

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