AFGHANISTAN

L'Otan achève sa guerre en Afghanistan, les Taliban la poursuivent

C'est sur un bilan plus que mitigé que l'Otan quittera l'Afghanistan, le 1er janvier. Les violences récentes dans le pays ont souligné l'impossibilité pour la force internationale de venir à bout de l'insurrection des Taliban.

Des soldats américains lors d’une cérémonie dans une base militaire près de l’aéroport de Hérat, en Afghanistan, le 23 août 2014.
Des soldats américains lors d’une cérémonie dans une base militaire près de l’aéroport de Hérat, en Afghanistan, le 23 août 2014. Aref Karimi, AFP
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C’est une cérémonie qui se prépare dans la plus grande discrétion. Après 13 années d’un conflit usant, la force de combat de l’Otan, l'Isaf, baissera son drapeau, dimanche 28 décembre, et cessera ses activités en Afghanistan au 1er janvier. Mais pour éviter tout risque d’attentat des Taliban, dans un pays encore en proie à une violente insurrection, l’Otan n’a communiqué les détails de cette cérémonie qu’au dernier moment.

L'Isaf laissera alors place à la mission Soutien résolu et 12 500 de ses hommes resteront sur place pour aider et former l’armée afghane, elle-même forte d'environ 350 000 hommes.

"Nous sommes plutôt fiers de ce qu'on a fait ici", avait déclaré fin octobre un officier américain, qui était parmi les premiers Marines à poser le pied dans la région à l'automne 2001, lorsque la coalition menée par les Américains avait chassé les Taliban au pouvoir en Afghanistan depuis 1996.

Un bilan endeuillé

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Le bilan de l’Otan reste toutefois endeuillé par la mort de 3 500 soldats, et il pourrait continuer à s’alourdir. Si le drapeau de l'Isaf sera abaissé à Kaboul, les Taliban, de leur côté, ne rendent pas les armes et continuent de perpétrer des attentats-suicides dans la capitale afghane.

"Les 13 années de mission américaine et de l'Otan ont été un échec absolu en Afghanistan. La cérémonie d'aujourd'hui est leur échec", a déclaré à l'AFP le porte-parole des insurgés Zabihullah Mujahid.

"L'Afghanistan reste un endroit dangereux"

Le président américain, Barack Obama, a salué dimanche la fin de la mission de combat de l'Otan. "À présent, et grâce à l'extraordinaire sacrifice de nos hommes et femmes en uniforme, notre mission de combat se termine et la plus longue guerre dans l'histoire des États-Unis s'achève de manière responsable", a-t-il déclaré dans un communiqué.

Mais, a-t-il dit, "l'Afghanistan reste un endroit dangereux", ce qui explique qu'à "l'invitation du gouvernement afghan [...], les États-Unis et leurs alliés maintiendront une présence militaire limitée en Afghanistan afin d'assister et d'entraîner les forces afghanes, ainsi que pour mener des opérations antiterroristes contre ce qui reste d'Al-Qaïda".  En 2015, 12 500 soldats étrangers, principalement américains, remplaceront la force militaire de l'Otan mais seront cantonnés, théoriquement, à un rôle d'assistance.

Un vide politique au profit des Taliban

Selon les Nations unies, le nombre de victimes civiles a augmenté de 19 % en 2014, avec 3 188 morts comptabilisés fin novembre. Quant à la police et l'armée afghanes, elles ont subi de lourdes pertes avec plus de 4 600 morts au cours des dix premiers mois de 2014, soit plus de pertes que l'ensemble des pays contributeurs de l'Otan depuis 2001.

Depuis 2001, des milliards de dollars d'aide ont été dépensés en Afghanistan par la communauté internationale, mais avec une efficacité relative compte tenu de la corruption endémique.

L’Otan craint en outre que les Taliban ne tentent de revenir sur le devant de la scène politique en profitant du vide engendré par l'élection présidentielle chaotique de 2014. Alors qu’il devait montrer l'exemple d'un pays réconcilié, avec une transition démocratique sans faille, le scrutin a été marqué par des accusations de fraude et un dangereux face-à-face entre les deux candidats du deuxième tour et leurs partisans.

Ashraf Ghani l'a finalement emporté sur son rival Abdullah Abdullah, mais les deux hommes, qui devaient former un gouvernement "d'union nationale", ne se sont toujours pas mis d'accord.

Avec AFP
 

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