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Erdogan : Ankara soutient l'intervention saoudienne au Yémen, l'Iran doit se retirer

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a accordé une interview exclusive à France 24. En pleine offensive saoudienne au Yémen, il indique soutenir l'intervention de Riyad dans le pays et demande à l'Iran et aux "groupes terroristes" de se retirer.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan répond aux questions de Marc Perelman.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan répond aux questions de Marc Perelman. Capture d'écran France 24
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Dans une interview exclusive accordée jeudi 26 mars à France 24, le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré soutenir l’intervention de l’Arabie saoudite au Yémen. L’homme fort de la Turquie a précisé qu’Ankara "pourrait envisager un soutien logistique en fonction de l’évolution de la situation".

L’ancien Premier ministre a, par ailleurs, souligné que "l'Iran et les groupes terroristes [devaient] se retirer du Yémen". Depuis la chute du gouvernement d’Ali Abdallah Saleh en 2012, les deux grandes puissances de la région, l’Arabie saoudite sunnite et l’Iran chiite, se disputent le leadership régional et tentent d’élargir leur influence au Yémen.

>> À lire sur France 24 : "Derrière le chaos au Yémen, la rivalité entre l'Iran et l'Arabie saoudite"

Alors que l’Iran semble soutenir la minorité chiite houthie du sud du pays dont les offensives à Sanaa puis Aden ont poussé le président Abd Rabbo Mansour Hadi à quitter le territoire yéménite, l’Arabie saoudite a décidé de la combattre.

>> À lire sur France 24 : "Yémen : qui sont les Houthis, dont l'avancée fait craindre une guerre civile ?"

En réclamant le départ de "l’Iran et des groupes terroristes", la Turquie, elle aussi puissance sunnite, se positionne clairement du côté de Riyad. De son côté, le président iranien Hassan Rohani a condamné jeudi après-midi "l'agression militaire" contre le Yémen.

"Une intervention terrestre est nécessaire en Irak pour venir à bout de Daesh"

Le président turc a également évoqué le rôle de l’Iran dans les combats qui se poursuivent en Irak entre les jihadistes de l’organisation de l’État islamique (EI) et les forces irakiennes, soutenues par leurs alliés et les frappes de la coalition. "Le but de l'Iran est d'augmenter sa puissance en Irak […] L'Iran tente de chasser Daesh de la région pour s'y installer à sa place", a-t-il fustigé avant d’ajouter que les frappes de la coalition étaient, selon lui, insuffisantes pour venir à bout de l’EI.

>> À lire sur France 24 : "Les Gardiens de la révolution iranienne en première ligne contre l’EI en Irak"

L’ancien Premier ministre turc a répété son souhait de recourir à une intervention terrestre pour "venir à bout de Daesh". Une solution que Washington a toujours exclue. En février, Barack Obama avait déclaré que les États-Unis "ne devraient pas s’engager dans une nouvelle intervention terrestre d’envergure au Moyen-Orient".

"L’EI n’est pas un État, c’est un groupe terroriste"

Parfois accusé d’entretenir une position ambiguë vis-à-vis de l’EI, Recep Tayyip Erdogan a exprimé sur France 24 sa volonté de lutter contre le groupe islamiste. "Ils l'ont rien à voir avec l'islam et ce n’est pas un État. C'est un groupe terroriste", a-t-il affirmé.

Derrière les soupçons d’un potentiel soutien à l’EI : l’insistance d’Ankara en octobre dernier à réclamer "le départ de l’actuel régime syrien" avant toute intervention. La Turquie avançait alors le risque que des frappes aériennes contre les jihadistes puissent renforcer Damas.

Par ailleurs, la montée en puissance des forces kurdes en Irak et leur capacité à repousser les combattants islamistes de l’EI n’inspiraient aucune confiance à Erdogan, craignant de nouvelles revendications territoriales des Kurdes de Turquie. Dans un article publié en octobre 2014, la correspondante du Monde à Istanbul rappelait que pour le président turc, "l’EI et le PKK, c’est la même chose".
 

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