L'Union européenne durcit le ton face aux migrants économiques
Répartir les réfugiés en Europe mais aussi faire preuve de davantage de fermeté envers les migrants économiques, ce sont les premiers principes sur lequel les 28 États membres de l'UE sont tombés d'accord jeudi.
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À la veille des premiers transferts de réfugiés au sein de l'Union européenne, les 28 États membres ont fait front commun, jeudi 8 octobre à Luxembourg, pour un renvoi plus systématique des migrants économiques. Ceux qui "n'ont pas besoin d'une protection internationale doivent retourner dans leur pays d'origine", a résumé le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères Jean Asselborn.
Les Européens s'apprêtent à mettre en œuvre la mesure de répartition des réfugiés, qui les avait pourtant profondément divisés, en transférant vendredi matin 20 Érythréens depuis l’Italie, jusqu’en Suède, les premiers sur 160 000 qui pourront bénéficier de ce programme inédit dans l'UE.
Mais il y a "l'autre face de la médaille", a souligné le commissaire européen à l'Immigration, Dimitris Avramopoulos, faisant allusion à la promesse des Vingt-Huit, jeudi, de muscler leur "politique des retours" des clandestins, migrants économiques africains ou pakistanais venus chercher une vie meilleure en Europe.
En 2014, seulement 39 % des migrants illégaux faisant l'objet d'une obligation de quitter l'UE ont réellement quitté le territoire européen. Ce dossier sera au cœur du sommet prévu les 11 et 12 novembre à La Valette (Malte), qui va réunir l'UE et des pays africains.
Mieux contrôler les frontières extérieures
Les ministres ont par ailleurs réaffirmé leur volonté de reprendre d'urgence la maîtrise des frontières extérieures de l'UE, apparues comme perméables au point de conduire plusieurs États de l'espace Schengen à rétablir des contrôles à leurs frontières nationales. Il y aurait, dans le cas contraire, "un risque énorme que Schengen ne survive pas", a averti Jean Asselborn.
Mais les premiers "hotspots", ces centres d'accueil et d'enregistrement des migrants, qui devaient initialement être opérationnels d’ici fin novembre en Italie et en Grèce, pourraient ouvrir avec du retard. "Il faudrait significativement plus de moyens et de personnel" pour qu’ils soient prêts à temps, a commenté le chancelier autrichien Werner Faymann.
C'est à partir de ces centres que doit être opéré le premier "tri" entre les arrivants dont la vie n'est pas menacée dans leurs pays, et qui doivent donc être rapatriés, et ceux qui peuvent prétendre au statut de réfugiés.
Tous les États membres sont tombés d'accord pour renforcer l'agence européenne Frontex, chargée de la surveillance des frontières extérieures de l'UE, qui avait demandé 775 garde-frontières supplémentaires pour "gérer la pression migratoire". La réponse définitive devra être donnée à l'occasion d'un nouveau sommet européen à Bruxelles, les 15 et 16 octobre.
L'UE s'est en outre engagée jeudi soir à aider davantage les pays de transit des Balkans occidentaux, traversés par 428 000 migrants depuis janvier 2015, et ceux voisins de la Syrie, frappés par l'exode de réfugiés vers l'Europe, tout en leur demandant des contreparties. Les Européens attendent notamment "des Balkans qu'ils contribuent à stabiliser la situation" et qu'ils jouent un rôle de "frein au mouvement" des réfugiés, a expliqué Jean Asselborn.
Avec AFP
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