BRÉSIL

Brésil : l'agence de défense des droits indiens sur la sellette

Appuyée par le lobby agricole, une commission du Congrès brésilien a recommandé mardi le démantèlement de l'agence des affaires indiennes, qui défend les droits des tribus face aux exploitants.

Des Indiens brésiliens Munduruku manifestent devant le quartier général de la Funai à Brasilia, le 11 juin 2013.
Des Indiens brésiliens Munduruku manifestent devant le quartier général de la Funai à Brasilia, le 11 juin 2013. Evaristo Sa, AFP
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Une commission du Congrès brésilien appuyée par le puissant lobby agricole a recommandé mardi 16 mai le démantèlement de l'agence des affaires indiennes, qui défend les droits des tribus face aux exploitants, notamment en Amazonie.

La Fondation nationale de l'Indien (Funai) cherche à protéger les groupes indigènes en préservant leurs terres, ce qui la place en conflit direct avec les agriculteurs ou les mineurs. Dans un rapport, une commission de la Chambre des députés propose de remplacer la Funai par un bureau national indigène placé sous la tutelle du ministère de la Justice. La défense des droits indigènes, actuellement assurée par des anthropologues, serait ainsi confiée à des politiques.

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"Il y a des Indiens qui veulent devenir mineurs ou producteurs et ils devraient avoir la liberté de décider eux-mêmes. La Funai les surprotège et se montre paternaliste", a déclaré l'auteur du rapport, Nilson Leitao, qui dirige le vaste groupe d'élus représentant les circonscriptions rurales au sein de la chambre basse du Congrès. La commission parlementaire préconise également d'engager des poursuites contre les responsables de la Funai qui soutiennent des revendications sur des terres présentées comme ancestrales par les tribus.

"Une sorte de génocide"

"La mort de la Funai serait une sorte de génocide car elle nous a conseillés sur la manière de survivre. Ces élus représentent les intérêts de l'agribusiness, pas notre intérêt", a déclaré Francisco, 42 ans, chef du peuple Kaingang dans le sud du Brésil, venu manifester mardi devant le Congrès.

"Si ce rapport est adopté, il n'y aura plus de place pour les indigènes dans l'avenir du Brésil. L'avenir sera pour le soja, le maïs et le sucre de canne", a déploré Nilto Tatto, un élu du Parti des travailleurs (opposition de gauche). "C'est cette même vision qui vise à détruire les forêts du Brésil."

Les ONG qui luttent pour les droits indigènes et la défense de l'environnement au Brésil voient dans ce rapport l'illustration de la volonté du lobby agricole de criminaliser les mouvements sociaux. "Cela s'inscrit dans une stratégie plus large visant à lever les 'obstacles' qui limitent l'accès des spéculateurs fonciers, des propriétaires terriens, des bûcherons clandestins et des compagnies minières aux territoires et aux ressources naturelles, en particulier en Amazonie", a estimé Brent Millikan, de l'ONG International Rivers.

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Malnutrition et chômage

La population indigène brésilienne, forte de 900 000 personnes, soit moins de 1% de la population totale du pays, est constituée d'environ 300 nations. Elle est particulièrement exposée aux problèmes de malnutrition, de mortalité infantile et de chômage.

Le président de la Funai, Antonio Fernandes Toninho Costa, a été limogé le 5 mai dernier par le gouvernement pour avoir critiqué la baisse de 40 % du budget de son agence.

L'an dernier, 61 militants pour la défense des terres indiennes ont été tués au Brésil, soit l'année la plus violente depuis 2003, selon l'Église catholique.

Avec Reuters
 

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