A 5 ans, la revue We Demain a trouvé son lectorat et regarde sereinement l'avenir
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Paris (AFP) –
"Décrypter le changement d'époque", c'est l'ambition de la revue We Demain qui fête ses cinq ans ce jeudi et a su conquérir un lectorat suffisamment fidèle pour être rentable et passer à l'étape d'après, l'organisation de forums.
"On a le sentiment qu'on ne raconte pas ce qu'on voit partout", confie à l'AFP son cofondateur, Jean-Dominique Siegel, qui juge "très amusant de regarder le monde à travers ce prisme-là".
Dans l'épais numéro anniversaire de ce trimestriel, illustré par un dessin original d'Enki Bilal, une dizaine de personnalités livrent leur vision du monde en 2030, parmi lesquels l'écrivain Kamel Daoud, l'économiste Daniel Cohen ou la navigatrice Elle MacArthur.
"A l'origine du projet, il y a eu la chute de la banque Lehman Brothers. On s'est dit que c'était peut-être un nouveau monde qui naissait devant nous et on a essayé de décrypter ce qu'il allait devenir", raconte le dirigeant, patron de presse depuis 30 ans, notamment à VSD, magazine créé par son père, Maurice.
Entre le souci d'écologie, l'accélération des innovations technologiques et l'arrivée de la société du partage, à l'origine du We (nous) dans le titre, le concept éditorial a commencé à émerger, explique Jean-Dominique Siegel qui a lancé le magazine avec son frère François.
"Nous voulions faire un généraliste qui aborde tous les thèmes de société mais à travers le prisme de cette mutation", décrit-il.
Après quelques tâtonnements, notamment pour le modèle économique, le choix des frères s'arrête sur le format d'une "belle revue", un "mook" inspiré de XXI pour lequel Jean-Dominique Siegel ne cache pas son admiration.
Si We Demain a ouvert ses pages à quelques annonceurs et partenariats, le titre compte aussi sur le "brand content", des articles écrits pour des marques ou entreprises et dûment signalés.
Et ça marche: "On est plus que contents, déjà parce que quand un nouveau titre de presse continue d'exister au bout de 5 ans, c'est qu'il n'a pas tout raté et aussi parce que les ventes sont en hausse", indique-t-il, précisant que le titre est rentable.
"On gagne un peu d'argent, mais surtout, avec ce projet, on a retrouvé nos 25 ans et une passion pour ce métier, une énergie incroyable. Décrypter ce monde qui arrive, le comprendre... Les jeunes ont une chance absolue, le monde qui vient dans les 20 prochaines années va être à tomber en termes d'inventions", s'enthousiasme-t-il.
- Forum We Demain -
A 63 ans, il dirige avec son frère et un associé le groupe de presse indépendant GS presse, notamment à l'origine du Monde 2, et fondé après la revente de VSD au groupe Prisma.
C'est avec les recettes de ce groupe qu'est né We Demain, tiré à 28.000 exemplaires, disponible en kiosques et en librairies, pour des ventes qui oscillent entre 18.000 et 20.000 exemplaires à 12 euros chaque trimestre.
Voulu comme "un label", We Demain organisera son premier forum le 19 septembre, à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) où se trouve la rédaction sur le thème "sécurité et résilience", avec le psychiatre Boris Cyrulnik notamment.
"On s'est associé avec Max Armanet, qui a dirigé les forums de Libération et qui pensait que nous devions nous éloigner des thèmes sur lesquels on était attendu comme la transition énergétique", explique le dirigeant.
Il s'agira de sécurité au sens large, "par rapport au terrorisme mais aussi par rapport aux 20 milliards d'objets connectés qu'il y aura à l'aube de 2020", détaille-t-il, citant l'exemple d'un grille-pain connecté à un portable relié à une carte de crédit.
"De votre grille-pain pourra-t-on rentrer dans votre carte de crédit? Le forum tentera de répondre à ces questions", note-t-il.
Autre projet, l'ouverture d'une "maison We Demain", espérée pour 2018, avec un espace de coworking et d'événementiel.
© 2017 AFP