Japon: jouer à programmer avant de devoir le faire à l'école
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Tokyo (AFP) –
Programmer soi-même des jouets confectionnés à la main: telle est une des tendances vedettes cette année au salon Toy Show de Tokyo, au moment où la programmation informatique est en passe de devenir au Japon une discipline scolaire à part entière.
En 2020, les écoliers du primaire, en 2021, les collégiens et en 2022 les lycéens devront apprendre à résoudre des problèmes par la programmation informatique, un enseignement qui mêle créativité, logique, mathématiques et codage.
Sans attendre, les fabricants de jouets, mais pas seulement, proposent de nouveaux jeux censés aiguiser toutes ces aptitudes.
Marque vedette des adultes, et particulièrement des hommes de 30 à 60 ans, Sony a, à la surprise générale, installé un stand ici, où le groupe présente son tout nouveau jouet "toio", pour que les chérubins s'initient à la robotique et à la programmation informatique, avec imagination et plaisir.
Ce concept ludo-éducatif couple de petits cubes robotisés servant de base sur laquelle les enfants peuvent créer des objets en Lego, papier plié (origami) ou découpé, et les animer à l'aide d'un petit cerceau qui sert de télécommande.
Les cubes peuvent aussi enregistrer des mouvements qu'ils devront répéter grâce à la programmation d'un enchaînement d'actions.
"Avec ce jouet toio, nous voulons élever l'imagination des enfants", argue une démonstratrice du groupe.
Son développement s'inscrit dans le cadre du programme "First Flight" lancé par le patron de Sony, Kazuo Hirai: les salariés du groupe, quel que soit leur poste, sont invités à proposer des idées qui, si elles sont jugées pertinentes par la direction, bénéficient d'un accompagnement technique et industriel, ainsi que d'un appel au financement en ligne.
- Réfléchir soi-même -
"A l'échelle mondiale, l'intelligence artificielle, la robotique, l'automatisation des tâches prennent une importance majeure", souligne la société Webask, qui, présente au salon, propose des cours de programmation pour enfants, eux aussi basés sur le divertissement.
Et cette firme n'est pas la seule: Artec offre aussi des cours sur la base de ses kits de robots à monter soi-même avec un concept "assembler, programmer, manipuler". La forme du robot est libre, et ce que l'enfant lui enseigne aussi.
A l'opposé d'un mode d'enseignement aujourd'hui très uniforme au Japon, avec des examens souvent basés sur des questionnaires à choix multiples où il faut opter pour une des solutions pensées par d'autres mais pas imaginer, ces cours libres de programmation visent au contraire à "développer les facultés de résoudre par soi-même un problème et de concevoir ex-nihilo un raisonnement personnel".
Selon les projets à l'étude au sein du gouvernement, cet enseignement de la programmation pourrait déboucher par la suite sur un changement radical des types d'examens, avec cette fois non plus un contrôle de connaissances apprises par coeur, mais une évaluation "de la créativité, de l'aptitude à juger et de la capacité de s'exprimer".
Et Artec de rappeler que les entreprises devraient se réjouir de cette nouvelle orientation quand nombre d'entre elles se plaignent de devoir elles-mêmes former de frais émoulus d'université "qui manquent trop souvent d'esprit d'initiative, de réflexion personnelle et de caractère".
Reste que cela exige un traitement égal pour les deux sexes alors que les fabricants de jouets japonais ont encore très souvent tendance à séparer les jeux dits masculins et féminins, en mentionnant clairement la cible dans les prospectus ou les magasins, une séparation des genres que reconnaît un porte-parole d'Ishikawa Toys, un peu désorienté par une question jugée "inhabituelle".
Les jeux de programmation sont plus souvent basés sur les personnages où objets rangés dans les rayonnages clairement désignés "pour garçonnets" (dinosaures, robots semi-humanoïdes, voitures, etc.) ce qui risque de les cantonner à ces derniers, un écueil que Sony a cependant explicitement voulu éviter sur les images promotionnelles de toio.
© 2017 AFP