Robert Combas s'installe dans les salons du château de Chamarande

Paris (AFP) –

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Robert Combas, un des artistes français les plus cotés, a pris ses quartiers au château de Chamarande (Essonne), une élégante bâtisse 17e-18e siècles dont il a métamorphosé les salons classiques à coup de meubles "complètement déjantés".

"Vous êtes désormais chez vous, Robert Combas", a audacieusement lancé François Durovray, président LR du département, lors du vernissage jeudi dans la cour du château entouré d'un parc à l'anglaise de 98 ha.

C'est dans cette enceinte que le très remuant chef de file de la figuration libre, 60 ans, devait donner, entre deux énormes chevaux sur roulettes jaune vif, un concert de "rock performance", prolongement de son travail plastique.

Confier à l'imprévisible artiste sétois les clefs de ce séduisant ensemble de brique et de pierre ne manque pas de panache de la part du Conseil départemental. L'Essonne est devenue en 1978 propriétaire de ce domaine dont le premier corps de bâtiment a été édifié au tout début du 17e par le magistrat François Miron et a connu depuis bien des vicissitudes.

Tapis polychromes lissés à Bénarès, chaises longues en métal peint, tables basses en verre colorés, lampes anthropomorphes : entre univers de BD et formes ésotériques, le mobilier de Combas entre en résonance avec les boiseries installées par le duc de Persigny, un temps ministre de l'Intérieur de Napoléon III.

"Si l'on imaginait que j'allais faire des meubles design, bien lisses et bien propres, c'est raté", dit l'artiste, égal à lui même, à propos de ces pièces initialement créées pour l'industriel et collectionneur Jean-Claude Maillard et jamais montrées jusque là.

- autodidacte -

Robert Combas a aussi transformé la bibliothèque en "cabinet de curiosités" - boîtes, figurines, carnets, objets d'art populaire -, un projet pas totalement abouti faute de temps. Il signe également dans une des galeries du château une grande fresque en noir et blanc réalisée en une seule prise.

Sont aussi présentés dans plusieurs endroits des tableaux verticaux représentant des femmes hiératiques à l'abondante chevelure. Des oeuvres où dominent des couleurs sombres (rouille, violet), plutôt rares chez Robert Combas. "Je travaille sur la spiritualité mais pas religieuse", dit-il dans la cour où se déploie un rare hêtre pourpre de 150 ans.

Le travail de Combas est particulièrement apprécié à l'étranger. Il est l'artiste français le plus vendu aux enchères dans le monde, selon le classement Artprice 2016 (artistes nés après 45), où il occupe le 106e rang.

Mais sa grande affaire , c'est désormais la musique. Avec Lucas Mancione, "lui aussi un Sétois", également plasticien, il a formé un duo baptisé "Les Sans Pattes", dont le premier album "Notre renaissance" est sorti en mars dernier. Autodidactes, les deux complices mélangent rock, musique planante, instruments traditionnels (mandoline, bouzouki) lors de "concerts performés" avec projections video.

A Chamarande, la musique est partout, notamment dans l'Orangerie du domaine où sont projetées sur trois panneaux des vidéos de concerts ou simplement des jeux du soleil sur la surface de la mer Méditerranée. Autour d'autres panneaux avec de grandes photographies des prestations des Sans Pattes.

Musique aussi ans les salons réaménagés où l'artiste, qui ne tient pas en place, se plaint : "ils ont baissé le son". Avant d'ajouter : "je remercie les gens qui m'ont supporté. Des fois, je pète les plombs. Mais quand je crée, je ne peux pas être normal".