Kaboul: la contestation s'étend, les autorités inquiètes

Kaboul (AFP) –

Publicité

Les autorités afghanes ont menacé jeudi de poursuites judiciaires des manifestants anti-gouvernementaux à Kaboul, où de nouveaux sit-in de protestation sont apparus après une semaine marquée par des attentats meurtriers et de violents affrontements.

Kaboul demeure sous haute tension depuis un attentat dévastateur au camion piégé qui a frappé le 31 mai le quartier diplomatique, faisant plus de 150 morts et des centaines de blessés, la pire attaque depuis 2001 dans la ville.

Au moins six rassemblements sont en cours pour protester contre la détérioration catastrophique de la situation sécuritaire à Kaboul, dont un près du site de l'explosion, où la mobilisation avait démarré dès le surlendemain de l'attentat. Des centaines de personnes y participent.

Une grande partie de la capitale est bloquée à la circulation, avec des conteneurs et des blindés à plusieurs carrefours.

Les protestataires, dont plusieurs ont été tués lors de heurts avec la police la semaine dernière, réclament notamment la démission du gouvernement afghan.

Le président Ashraf Ghani, qui a fermement rejeté cette demande ainsi que les appels à limoger le puissant conseiller à la sécurité nationale Hanif Atmar, a exigé la fin immédiate des protestations.

"Nous demandons à nos concitoyens de mettre fin à leurs protestations, problématiques étant donné la situation sécuritaire, et (...) de libérer les routes pour la circulation", a indiqué le palais présidentiel dans un communiqué.

"Si les manifestations continuent, le gouvernement prendra des mesures judiciaires contre les manifestants, afin d'assurer la sécurité de la population", a-t-il ajouté.

Mais les manifestants tiennent bon, en dépit des menaces d'attentats qui planent toujours sur la ville.

"Tout usage de la force contre notre mobilisation civique mènera à une catastrophe", a averti sur Facebook l'un des chefs de file du mouvement, Asaar Hakimi. "Nous continuerons nos manifestations jusqu'à ce que nos exigences soient satisfaites."

L'attentat de mercredi et la mobilisation qui s'en est suivie ont ravivé les tensions politiques et ethniques qui fragilisent le gouvernement afghan, et toute violence entre manifestants et forces de sécurité risque de dégénérer en chaos.

Nombre de voix, dont celle du chef de guerre Gulbuddin Hekmatyar, rallié au gouvernement récemment, se sont élevées pour appeler à la paix.

"Il y a eu dans le passé des manifestations tumultueuses qui ont viré à la violence. Ces événements malheureux ne doivent pas se répéter", a-t-il lancé.

"Je demande aux manifestants de retirer leurs tentes. Les avenues et les rues appartiennent au public et personne n'a le droit de les bloquer", a-t-il ajouté.

L'hôpital Emergency, géré par une organisation italienne, s'est également dit inquiet pour la sécurité de son personnel en raison de la présence des manifestants campant à proximité de ses locaux.