Témoignage de l'ex-directeur du FBI : Trump inquiété mais pas condamné, selon la presse
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Au lendemain du témoignage historique de l'ex-directeur du FBI contre un président en exercice, la presse américaine juge vendredi que les accusations de James Comey ne constituent pas un élément suffisant pour destituer Donald Trump.
"Menteur". Le mot, grave, infamant, barre le visage de Donald Trump en une du New York Daily News, daté du vendredi 9 juin. Le président américain, toujours plus décrié à peine quatre mois et demi après avoir prêté serment, est largement critiqué dans la presse américaine au lendemain de l’audition publique de l’ex-directeur du FBI, James Comey, limogé le 9 mai.
Il faut dire que les mots prononcés devant la commission du Renseignement du Sénat ont tonné comme autant de coups de feu : "Mensonges", "diffamations", "conversation dérangeante". L’ancien chef du Bureau était interrogé par les sénateurs à propos des soupçons qui pèsent sur Donald Trump concernant une éventuelle entrave à l’enquête sur les troubles relations des proches de Trump avec la Russie.
Sans surprise, l’hallali de Comey fait les gros titres de tous les journaux américains : "Trump a essayé de couler l’enquête, selon Comey", titre le New York Times qui, en guise d’illustration, se contente de reprendre sur fond gris les citations les plus frappantes de l’audition. Parmi celles-ci, l’une fait le gros titre du Boston Globe : "C’étaient des mensonges, purement et simplement", allusion aux affirmations de Trump selon lesquelles Comey aurait été limogé du fait de la défiance du personnel du FBI à son encontre.
"Comey affirme que Trump a menti à propos de lui et du FBI", insiste encore le Washington Post. "Comey : J’ai eu l’impression qu’on me demandait d’abandonner l’enquête", affiche quant à lui le Wall Street Journal. Le Los Angeles Times, enfin, enfonce le clou : "Comey accuse Trump de 'mensonge, purement et simplement'".
Pour autant, les journalistes américains restent prudents quant aux conséquences que pourrait avoir la charge de Comey. Certes, celle-ci fut "presque certainement le plus accablant J’accuse (en français dans le texte, en référence au célèbre article de Zola lors de l’affaire Dreyfus) de la part d’un cadre des forces de l’ordre à l’encontre d’un président en toute une génération", juge Peter Baker du New York Times, mais elle ne permet pas en soi de conclure à la culpabilité de Donald Trump.
"L’audition publique de jeudi n’a apporté aucune nouvelle information à propos des agissements russes et encore moins à propos de ce que les proches de Trump auraient fait (...). À la place, la matinée fut une fascinante description de ses interactions (de Comey) avec le président, qui pourraient constituer, bien que cela ne soit pas prouvé, un cas d’obstruction de la justice", analyse Dan Blatz, du Washington Post.
Plusieurs juristes interrogés par Politico confirment que la déclaration de Comey ne suffira pas, seule, "à Mueller (le procureur chargé d’enquêter sur Trump par le ministère de la Justice) pour présenter un dossier béton devant un juge ou des jurés", écrit Darren Samuelsohn, correspondant à la Maison Blanche du site d’actualité politique. Mais ces mêmes juristes soulignent l’importance d’un tel témoignage, qui émane du "témoin le plus crédible possible", comme le décrit Samuel Buell, ancien procureur fédéral et aujourd’hui professeur de droit à la Duke University.
Comme l’on pouvait s’y attendre, les journaux américains font presque tous la comparaison aisée entre Donald Trump et ses prédécesseurs Richard Nixon et Bill Clinton, eux aussi confrontés à la menace d'une procédure d’impeachment (destitution). "Ça me rappelle le 'je n’ai pas eu de relations sexuelles avec cette femme' (de Bill Clinton, à propos de Monica Lewinski)", évoque ainsi Samuel Buell dans les colonnes de Politico. Si la comparaison va à son terme, le 45e président américain pourrait ainsi ne pas être inquiété au bout du compte.
Mais in fine, si la déclaration de Comey n’ajoute pas grand chose aux menaces juridiques qui pèsent sur Donald Trump, elle vient renforcer le "nuage noir" assombrissant l’horizon du président américain, mentionné par beaucoup d’éditorialistes vendredi 9 juin. Et elle continue d’empêcher le milliardaire de se concentrer sur les réformes qu’il souhaite mener.
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