Art et science-fiction: 3 Japonaises gagnent leur place à la Fiac

Tokyo (AFP) –

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Trois jeunes artistes japonaises ont été primées vendredi à Tokyo par un jury franco-nippon issu des mondes de l'art et du luxe, et pourront exposer en octobre à la Foire internationale d'art contemporain de Paris leurs oeuvres inspirées de nouvelles de science-fiction.

Cinquante étudiants de l'Université des arts de Tokyo étaient en compétition pour créer des installations, peintures, sculptures fondées sur une nouvelle parmi six écrites par des auteurs français qui se sont projetés en 2074 pour y imaginer la place de l'art, du luxe et des technologies.

Il en résulte une exposition très diverse mêlant des techniques de l'artisanat traditionnel japonais, avec ses tissus, papiers raffinés, encres noires, marqueteries mais également peintures acryliques, matières plastiques ou appareils électroniques.

"Le Japon est un pays particulièrement fier et respectueux de ses traditions, notamment en matière d'artisanat mais aussi complètement tourné vers l'avenir avec une capacité d'imaginer le futur, en particulier dans la technologie, et cette combinaison nous a parue particulièrement pertinente", a déclaré à Tokyo Guillaume de Seynes, membre du jury et président du Comité Colbert, association d'entreprises françaises du luxe, qui a financé la fabrication de ces pièces.

Les lauréates, Kanako Kitabayashi, Aya Kawato et Sayaka Shimada, sont invitées cet automne à Paris où les trois oeuvres seront exposées à la Foire internationale d'art contemporain (Fiac). La présidente de la Fiac, Jennifer Flay, faisait partie des dix jurés aux côtés notamment de l'auteure japonaise Mariko Asabuki, de l'artiste de la lumière Akari-Lisa Ishii, de l'auteur français Jean-Claude Dunyach, de l'artiste et commissaire des affaires culturelles du Japon, Ryohei Miyata.

Aya Kawato, 29 ans, qui a réalisé une sérigraphie de 2m sur 2,5 m en peinture acrylique brune et noire, semblable à un tissage, a étudié les techniques des tissus traditionnels de l'ancienne capitale impériale Kyoto.

- Tradition et technologie -

Elle s'est inspirée de la nouvelle de Samantha Bailly "Facettes", où une spécialiste de neurosciences se lance dans la mode et crée un tissu capable d'exprimer les émotions. "J'ai voulu représenter la tradition dans la partie supérieure du tableau tandis que le bas symbolise la technologie", a-t-elle expliqué à l'AFP.

Fondée sur la même nouvelle, "Peau", installation de Kanako Kitayabashi, 27 ans, est tout en blancheur et utilise céramique, porcelaine, fil, bois.

Quant à "Voix du vide 4600000000", de Sayaka Shimada, inspirée de "Noces de diamant" de Jean-Claude Dunyach, auteur de science-fiction qui travaille par ailleurs chez le constructeur aéronautique Airbus, elle rassemble du verre, un refroidisseur thermoélectrique, un éclairage LED, un écran...

"On a le sentiment qu'une civilisation a rebondi sur une autre. Nous recevons ici des choses qui vont plus loin que ce que nous avons fait", a dit à l'AFP M. Dunyach, au sujet du passage de la nouvelle française à l'oeuvre d'art japonaise.

Le Comité Colbert, créé en 1954, regroupe 81 maisons du luxe français, dont un grand nombre de PME, qui représentent un chiffre d'affaires total de 42 milliards d'euros et emploient en France directement 51.000 personnes. L'association réunit notamment Chanel, Dior, Yves Saint Laurent, Hermès, Louis Vuitton, Céline, Givenchy, Guerlain, Cartier, Boucheron, Hédiard, Baccarat... ainsi que 14 institutions culturelles, dont la Comédie-Française, le Musée d'Orsay ou le Château de Versailles.

Sa mission est de promouvoir le secteur et d'oeuvrer "au rayonnement international de l'art de vivre français".

La prestigieuse Université des Arts de Tokyo fête cette année ses 130 ans.