Brexit: à J-3 des négociations, May cherche toujours sa majorité

Londres (AFP) –

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Les négociations du Brexit vont démarrer lundi à Bruxelles avec un gouvernement britannique qui n'a pas encore passé l'épreuve du vote de confiance au Parlement, même si la Première ministre Theresa May se montre plutôt optimiste.

Affaiblie par son revers aux législatives du 8 juin, Mme May continuait vendredi de négocier avec le parti nord-irlandais DUP pour s'assurer de son soutien lors de ce vote. Son Parti conservateur ne dispose plus en effet de la majorité absolue, avec seulement 317 sièges quand il lui en faudrait 326.

Si l'accord n'est pas encore finalisé, les deux parties ont trouvé un "large terrain d'entente" sur plusieurs questions clefs, a affirmé jeudi un haut responsable tory.

D'où, après une semaine d'incertitude, l'annonce que la reprise parlementaire aurait lieu mercredi, avec deux jours de retard sur le calendrier initial. Cette reprise sera marquée par la lecture par la reine Elizabeth II du programme législatif de Mme May, programme qui sera soumis au vote des députés dans les jours suivants.

En attendant cette épreuve, le ministre du Brexit David Davis va retrouver le négociateur en chef pour la Commission européenne Michel Barnier lundi à Bruxelles pour démarrer les discussions de divorce, près d'un an après le référendum qui a décidé le 23 juin 2016 de la sortie du Royaume-Uni de l'UE.

Le ministre des Finances Philip Hammond a affirmé que "la priorité" des négociations sur le Brexit sera de protéger les emplois et la croissance, en arrivant à une réunion des 28 ministres des Finances de l'UE vendredi à Luxembourg.

Réputé partisan d'un Brexit "doux", qui permettrait un maintien dans le marché unique, les propos de M. Hammond sont scrutés à la fois par les milieux économiques et Bruxelles qui se demandent si sa ligne finira par l'emporter.

- Londres est-il vraiment prêt? -

Mais pour le moment, "rien n'a changé", a affirmé M. Davis, partisan lui d'un Brexit "dur", soit une sortie du marché unique et la limitation de l'immigration européenne, une ligne endossée par Mme May.

Cette dernière a aussi affirmé se réserver la possibilité de quitter l'UE "sans accord plutôt qu'avec un mauvais accord". Une posture qui ne semble plus tenable, selon les analystes, au vu du désaveu des législatives.

Le Parti libéral-démocrate, résolument pro-européen, a appelé Mme May à former un comité pluripartite pour négocier le Brexit.

"Si le gouvernement ne peut même pas atteindre un accord avec le DUP, comment pourrait-il atteindre un accord avec l'UE?" s'interroge le député lib-dem Alistair Carmichael.

Le journal The Independent se demande lui si Bruxelles va prendre au sérieux un gouvernement qui vient d'essuyer un revers et n'est même pas encore assuré de durer.

"Ils se demandent, sans surprise, si nous sommes vraiment prêts pour lundi", ajoute son éditorialiste John Rentoul.

La date de lundi a été confirmée jeudi par MM. Davis et Barnier, alors que Londres est supposé quitter l'UE fin mars 2019, soit deux ans après le déclenchement officiel de la procédure de sortie par Mme May, le 29 mars.

Les 27 ont finalisé leur préparatifs depuis le 22 mai, mais ils avaient accepté de laisser du temps au gouvernement britannique, après l'annonce des législatives anticipées.

M. Barnier a déjà en tête un calendrier précis pour le déroulement des négociations, dévoilé fin mai dans un document interne de la Commission européenne.

La première étape devra être consacrée à trouver un accord sur trois dossiers érigés en priorités par les 27: le sort des expatriés européens au Royaume-Uni et des Britanniques installés dans l'UE, la question de la frontière irlandaise, et le "règlement financier", c'est-à-dire le paiement par Londres de toutes les engagements financiers déjà pris au sein de l'UE.

M. Barnier a indiqué espérer un accord sur ces trois points "entre octobre et décembre 2017".