Mexique: des militants et journalistes accusent le gouvernement de les espionner
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Mexico (AFP) –
Un groupe de journalistes de renom et de militants des droits de l'homme a accusé lundi le gouvernement mexicain de les espionner en utilisant un logiciel d'espionnage israélien vendu uniquement aux Etats.
Ces accusations ont été démenties par la présidence mexicaine.
Lors d'une conférence de presse à Mexico, les neuf journalistes et militants ont annoncé qu'ils avaient déposé une plainte devant la justice contre le gouvernement, pour accès illégal à des communications privées, notamment.
"Il s'agit d'une opération de l'Etat où des agents de l'Etat mexicain, loin de faire ce qu'ils doivent légalement, ont utilisé nos ressources (publiques), nos impôts, notre argent, pour commettre des délits graves", a déclaré la journaliste mexicaine Carmen Aristegui, célèbre pour ses investigations sur des cas de corruption du gouvernement.
Parmi elles figure une enquête datant de 2014 dans laquelle elle avait révélé que l'épouse du président Enrique Pena Nieto avait acheté une demeure valant 7 millions de dollars à Mexico City auprès d'un entrepreneur du gouvernement.
Une enquête, publiée lundi par le New York Times, a révélé que des militants des droits de l'homme, des journalistes et des militants anti-corruption ont été victimes d'espionnage au Mexique avec un logiciel d'une société israélienne qui possède parmi ses clients les ministères mexicains de la Défense et de la Justice.
Pegasus, logiciel à la fois sophistiqué et personnalisable fonctionnant au départ par hameçonnage, peut accéder à la caméra, au micro ou à la géolocalisation de l'appareil piraté, aux contenus de messages, d'appels et de toute une série d'applications comme Gmail, Facebook, Skype, WhatsApp, Viber...
"Qu'a à dire le président du Mexique sur cet espionnage commis de façon perfide et illégale?", a demandé Mme Aristegui.
La journaliste a dit avoir reçu directement sur son téléphone 24 messages textes, entre janvier 2015 et juillet 2016, tandis que 32 autres sont parvenus à des membres de son équipe, et même à son fils de 16 ans.
Les SMS provenaient de différentes directions et noms de domaine prenant des noms de médias, de réseaux sociaux et même de l'ambassade des Etats-Unis. Ils renvoyaient sur un lien qui installait le logiciel espion sur leur téléphone portable.
Selon ces journalistes et militants, 76 tentatives de piratage avec le logiciel Pegasus les ont visés.
Dans une réponse au New York Times, le porte-parole de la présidence mexicaine, Eduardo Sanchez, a rejeté les accusations d'espionnage. "Il n'y a aucune preuve que des agences du gouvernement mexicain soient responsables de l'espionnage supposé décrit dans votre article", a écrit le porte-parole.
Parmi les personnes espionnées figurent des avocats travaillant sur la disparition de 43 étudiants en 2014 ou encore le directeur de l'Institut mexicain pour la compétitivité, Juan Pardinas, qui milite pour une législation anti-corruption renforcée.
Sa femme avait reçu un message lui indiquant que son mari la trompait et lui proposant de cliquer sur un lien pour accéder à des preuves, selon le quotidien.
"Nous sommes les nouveaux ennemis de l'Etat" a déclaré M. Pardinas.
© 2017 AFP