Au coeur de Mossoul, des forces américaines soutiennent la lutte contre l'EI
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Mossoul (Irak) (AFP) –
Dans une ancienne belle bâtisse de Mossoul-Ouest, un groupe d'officiers irakiens se rassemblent autour d'une carte montrant l'avancée de leurs forces pendant que les talkie walkies grésillent avec les dernières nouvelles du front.
Le commandant des forces irakiennes donne à distance les instructions à ses hommes qui progressent dans la vieille ville, sous le regard attentif d'officiers américains qui, parfois, se mêlent aux conversations tendues.
Un conseiller américain et son équipe sont présents dans ce centre de commandement improvisé à moins de deux kilomètres de la ligne de front.
"Nous vivons quotidiennement avec eux, nous travaillons main dans la main", confie le Lieutenant Andrew Kaiser, la silhouette jeune, qui conseille le commandant de la 16e division irakienne.
A l'extérieur du centre, deux soldats américains munis de gilets pare-balles et fusils s'offrent une pause sous une chaleur étouffante à quelques pas de leurs voitures blindées garées dans la rue.
L'officier américain assure que son rôle a radicalement changé depuis sa dernière visite à Mossoul, il y a plus de dix ans. Il faisait alors partie d'un contingent de forces américaines basées dans la deuxième ville du pays.
Aujourd'hui, il s'appuie sur des enregistrements vidéos réalisés par des drones, des cartes satellites et des informations livrées par les troupes sur le terrain, pour prodiguer ses conseils au commandant irakien, dont les hommes tentent de chasser l'EI de son dernier carré à Mossoul.
- Terrain difficile -
Ce qui faisait la force des jihadistes lors des premières phases de la bataille de Mossoul, lancée en octobre par les forces irakiennes, a changé au fil des combats. Leur puissance de feu s'est amoindrie, estime le Lieutenant.
Mais, dans le vacarme des mortiers, le militaire américain concède que la bataille qui se joue dans la vieille ville est très ardue. Au même moment, une colonne de fumée s'élève au dessus de bâtiments visés par des avions.
Le sort des dizaines de milliers de civils pris au piège dans cette partie de la ville inquiète grandement les forces irakiennes et l'équipe du Lieutenant Kaiser.
"Les gangs criminels de Daech utilisent les civils comme boucliers humains pour entraver l'avancée de nos unités", dit le colonel Issam Ghadban, responsable des médias au sein de la 16e division, en utilisant un acronyme arabe de l'EI.
La vieille ville abriterait encore 100.000 âmes ou plus, a récemment estimé le représentant du Haut commissariat de l'ONU pour les Réfugiés (HCR) en Irak, Bruno Geddo, déplorant l'"une des plus grandes guerres urbaines depuis la Seconde Guerre mondiale".
- Boucliers humains -
Le 8 juin, le bureau de l'ONU pour les droits de l'Homme avait indiqué qu'il disposait d'informations crédibles selon lesquelles 230 civils avaient été tués depuis le 26 mai par les jihadistes alors qu'ils tentaient de fuir Mossoul-Ouest.
La coalition internationale anti-EI, qui soutient les forces irakiennes, a aussi annoncé en mars qu'elle vérifiait des informations indiquant que ses frappes avaient fait un grand nombre de victimes civiles à Mossoul.
"Nous voulons que la protection des civils soit au centre des opérations militaires, nous continuons à militer pour (...) veiller à ce que la vie et les biens des civils soient épargnés au maximum", a affirmé le représentant du HCR.
Chaque jour, des petits drones de surveillance partent du centre de commandement où se trouve Kaiser et la 16e division en direction des zones tenues par les jihadistes.
Sur l'une des vidéos, ils ont pu voir comment les jihadistes utilisaient les civils.
"Nous avons vu deux membres du groupe EI (...) faire entrer des femmes et des enfants dans un immeuble que nous venions de frapper", raconte le lieutenant américain. "L'EI tente de nous inciter à frapper des civils".
© 2017 AFP