Sidney Amiel, ex-avocat accusé de viol: un "dominateur"

Versailles (AFP) –

Publicité

Pour ses victimes présumées, il était l'avocat "à la main baladeuse". Pour ses amis, il est simplement "tactile, méditerranéen". Mercredi à son procès, Sidney Amiel, ex-ténor du barreau de Chartres accusé de viol, a été décrit par les experts comme un être narcissique au psychisme imprégné de sexualité.

Niant catégoriquement les faits qui lui sont reprochés, le sexagénaire au crâne dégarni n'a eu de cesse depuis le début de son procès le 6 juin devant la cour d'assises des Yvelines de se présenter comme "un amoureux des femmes", certes un peu "volage", mais "jamais violent".

"Si la personne n'est pas intéressée, je ne vais pas au-delà, il n'y a pas d'intérêt pour moi", a-t-il assuré.

Appelé à la barre, un expert psychiatre dit plutôt avoir vu en lui un être "dominateur", notamment sur le plan professionnel, avec une "représentation de la sexualité un peu particulière". "La sexualité imprègne le psychisme de M. Amiel", a-t-il insisté.

Son confrère psychologue enfonce le clou: "C'est un sujet qui attend que l'autre lui pose les limites" et pour lequel il y a "une intrication du banal et du sexuel".

"En même temps qu'elle s'exprime", au travers de "plaisanteries de corps de garde" ou de gestes ambigus, "la sexualité est refoulée chez lui", explique cet expert. "C'est son côté névrotique et paradoxal".

Pour le psychologue, Sidney Amiel "méconnaît ce qu'il y a d'agressif et de sexuel dans ses gestes" pour son entourage professionnel féminin "et l'effet que cela peut produire".

- Un homme "tactile, méditerranéen" -

Lundi, son ex-belle-fille, qui ne cache pas son aversion envers celui qu'elle accuse d'attouchements alors qu'elle était mineure, l'avait qualifié de "pervers". "A cause de lui, le sexe était juste présent tout le temps à la maison", avait-elle lâché.

Et d'accuser son agresseur présumé d'être un "manipulateur", un "beau parleur" dont elle avait "peur". "Il m'a toujours dit que lorsqu'on était accusé, il fallait nier les faits. Moi contre lui, qu'est-ce que je peux faire?", s'était interrogée la jeune femme de 26 ans.

La mère de la jeune femme, une peintre d'origine américaine avec laquelle il s'était marié en secondes noces, a aussi décrit son ex-mari comme un "dragueur impénitent" et un "dissimulateur".

Leurs témoignages intervenaient après une vingtaine d'autres émanant de victimes présumées ou de secrétaires, stagiaires ou collaboratrices passées par le cabinet Amiel entre 1988 et 2010. Toutes racontant avoir observé ou subi des gestes déplacés, des caresses imposées, certaines évoquant des viols. La plupart de ces faits ont été prescrits.

Face à ces témoignages récurrents, amis et proches de l'avocat d'origine juive marocaine ont tenté cette semaine de défendre un "homme tactile, méditerranéen", un "affectif" prenant facilement son interlocuteur, homme ou femme, par le cou ou le bras. Un être "charismatique" aussi.

"Je connais mon père et je n'ai aucun doute" quant à son innocence, a martelé sa fille de 39 ans, avant le verdict attendu vendredi.

L'une de ses associés au cabinet, qui fut longtemps sa maîtresse mais qui est aujourd'hui en conflit financier et judiciaire avec lui, a elle aussi réfuté la thèse du "violeur". "Il les lui fallait toutes, a-t-elle dit, mais pas au prix de la violence."