Pakistan: un journaliste arrêté pour des critiques sur Facebook

Quetta (Pakistan) (AFP) –

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Un journaliste pakistanais a été mis en examen pour avoir critiqué les forces de sécurité sur les réseaux sociaux, ont indiqué vendredi sa famille et les autorités, après une série d'autres charges récentes contre la liberté d'expression.

Zafarullah Achakzaï, reporter du quotidien Qudrat basé au Baloutchistan, a d'abord été enlevé chez lui par le Frontier Corps (FC), la force déployée dans cette province instable et stratégique du sud-ouest pakistanais.

"Des hommes du FC en uniforme (...) ont effectué une descente dimanche soir" au domicile familial et ont emmené le journaliste sans préciser où ni pourquoi, a indiqué à l'AFP le père de M. Achakzaï, Naimatullah Achakzaï, qui est aussi rédacteur en chef de Qudrat.

Cinq jours plus tard, il a été remis à une autorité civile d'investigation, "qui l'a mis en examen en vertu des lois contre la cybercriminalité pour avoir critiqué le FC", a-t-il détaillé.

Zafarullah Achakzaï, présenté au juge jeudi, a été écroué pour six jours supplémentaires.

Deux représentants des autorités locales ont confirmé cette arrestation et la mise en examen.

Le Syndicat des journalistes du Baloutchistan a déploré le recours à une "rétention arbitraire".

M. Achakzaï avait critiqué sur Facebook le FC pour l'insécurité grandissante dans la capitale provinciale Quetta, a indiqué un de ses confrères sous couvert d'anonymat. Il avait également déploré "l'échec" des forces de sécurité à traduire en justice les auteurs d'attaques confessionnelles qui ont frappé la province ces dernières années, a-t-il ajouté, critiquant lui aussi les modalités de l'arrestation.

Le Pakistan est l'un des pires pays au monde pour les journalistes, et la publication d'informations défavorables à l'armée peut valoir à des reporters d'être arrêtés, battus, victimes de disparitions forcées voire tués.

Le Parlement pakistanais a voté l'été dernier une loi controversée contre la cybercriminalité. Les défenseurs des droits de l'homme avaient averti que sa formulation excessivement vague risquait d'en faire un nouvel outil contre la liberté d'expression, déjà régulièrement menacée au nom de la religion ou de la morale.

"Nous sommes inquiets de la tolérance zéro des autorités à l'encontre de toute critique", a indiqué Freedom Network, organisation pakistanaise de défense de la liberté de parole, indiquant craindre "des arrestations supplémentaires".

En mai déjà, deux douzaines de partisans de l'opposition avaient été arrêtés en vertu de la loi contre la cybercriminalité. Le correspondant de France 24 Taha Siddiqui a de son côté saisi la justice après des appels menaçants le sommant de se présenter aux autorités pour s'expliquer sur ses publications sur les réseaux sociaux.