La cité perdue d'Alexandre le Grand a été retrouvée grâce à des images de satellites espions américains
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Une ancienne cité perdue, des images satellites de l'armée américaine prises durant la Guerre froide et Alexandre le Grand, personnage mythique de l'antiquité grecque. Tout ça dans une même histoire. What else ?
Des archéologues du British Museum sont parvenus à découvrir une cité enfouie sous le sable depuis plus de 2 000 ans à partir des images d’un satellite espion américain des années 1960. La cité de Qalatga Darband, qui aurait été fondée en 331 avant Jésus Christ, est située dans l’actuelle province de Sulaymaniyah, dans le Kurdistan irakien.
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L’histoire commence plus de trois siècles avant notre ère. Les Macédoniens, dirigés par Alexandre le Grand, mènent campagne contre l’empire Perse de Darius III. Au printemps de l’année 334 av. J.-C., Alexandre et ses troupes traversent l’Hellespont – le détroit des Dardanelles– pour mener de front le combat contre Darius III. Celui-ci est vaincu à l’issu de la bataille d’Issos, dans l’antique Cilicie, en novembre 333 avant Jésus Christ.
Quel rapport avec la ville découverte par les archéologues ? Eh bien, le chemin entre la Macédoine et l’empire Perse ne s’est pas fait en un jour. Entre temps, les Macédoniens ont fondé de très nombreuses villes, dont la cité fortifiée de Qalatga Darband, devenue rapidement un important carrefour. Selon les archéologues, près de 3 000 vétérans de guerre se seraient installés sur place.
John MacGinnis, archéologue au British Museum, confie ainsi au Times : "C’est un peu tôt pour s’avancer, mais nous pensons que la ville, située sur une route qui conduit de l’Irak à l’Iran, était en pleine effervescence".
Les liens d’une ville à la guerre
De son antique naissance à sa redécouverte, l’histoire de la cité de Qalatga Darband est intimement liée aux guerres des hommes.
Ainsi, les fonds nécessaires au travail de John MacGinnis et de son équipe de chercheurs ont été débloqués dans le cadre d’un programme visant à protéger le capital archéologique irakien de Daesh. Depuis 2015, l’Iraq Emergency Eritage Management Training Scheme bénéficie d’une aide de près de 3 millions de livres du gouvernement britannique. Ce programme de quatre ans vise principalement à former de jeunes archéologues irakiens et à sauver l’héritage historique de la région, menacée par les groupes terroristes.
Mais ce n’est pas tout. En réalité, les chercheurs ont d’abord découvert l’existence de la cité perdue sur des images satellites datant des années 1960. À l’époque, le monde est en pleine Guerre froide, et les États-Unis et l’URSS ne cessent de lancer des programmes d’espionnage militaire pour déstabiliser l’adversaire. C’est dans ce cadre que les Américains créent le projet Corona, qui consiste à produire et envoyer un nombre important de satellites espions. C’est l’un d’entre eux qui photographia les images des ruines de Qalatga Darband.
Celles-ci sont découvertes par des scientifiques dès 1996, lorsque les images satellites sont déclassifiées par l’armée américaine. Mais à l’époque, les relations avec le gouvernement de Saddam Hussein sont trop tendues pour espérer envoyer des archéologues sur le terrain.
De nombreuses découvertes à venir
Aujourd'hui, la situation est évidemment toujours compliquée dans la province de Sulaymaniyah. Avant de se rendre sur place, les équipes du British Museum ont envoyé des drones pour quadriller la zone dans ses moindres recoins et localiser l’emplacement exact de la cité antique.
Accompagnés de leurs homologues irakiens, ils ont finalement réussi à se rendre sur place. Sur le site de fouilles, ils ont notamment découvert une statue de femme qui semble être Persephone, déesse grecque de la végétation, et ce qui semble être une statue de la divinité Adonis. Ils ont également trouvé pièce représentant Orodès II, roi des Parthes mort en 38 avant Jésus Christ.
Sur son flanc gauche, la cité était visiblement protégée par une large fortification qui courait de la rivière à la montagne. Tandis que l’ensemble de la ville était situé sur une terrasse naturelle large de 60 hectares.
Désormais, les archéologues espèrent faire de nouvelles trouvailles dans la région. Et, surtout, découvrir des traces du passage d’Alexandre Le Grand sur place.
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