Inserm: les candidats entendus, le suspense demeure

Paris (AFP) –

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Les prétendants à la présidence de l'Inserm, dont le patron actuel n'a toujours pas fait savoir officiellement s'il était candidat à sa propre succession, ont été entendus jeudi à huis clos par une commission ad hoc, a-t-on appris de sources concordantes.

Yves Lévy, époux de la ministre de la Santé Agnès Buzyn, est président-directeur général de l'Inserm depuis 2014. Son mandat a pris fin le 11 juin et il occupe à présent ce poste par intérim en attendant la nomination du celui que sera à la tête de l'organisme public de recherche médicale.

Aux côtés d'autres scientifiques, dont le patron du CNRS Antoine Petit, le professeur Lévy doit accompagner le Premier ministre Edouard Philippe lors de sa visite en Chine, de vendredi à lundi, selon la liste de la délégation communiquée par Matignon.

La présence d'Yves Lévy à la tête de l'Inserm et l'hypothèse de sa reconduction ont valu des critiques à Mme Buzyn, en raison de potentiels conflits d'intérêts.

"Le conflit (d'intérêt) est évité puisqu'un décret fait que je suis en déport de ce qui touche à l'Inserm, c'est géré par Matignon et le ministère de la Recherche, je ne m'en mêle pas", a répété Mme Buzyn jeudi matin sur CNews.

"Ça me simplifie la vie de ne pas avoir à me mêler de la carrière de mon mari", a-t-elle ajouté.

Interrogée pour savoir si ce dernier était ou non candidat, elle a répondu: "Vous lui demanderez".

L'Institut national de la santé et de la recherche médicale est traditionnellement placé sous double tutelle des ministères de la Recherche et de la Santé.

Mme Buzyn a été nommée en mai 2017 ministre de la Santé. Pour résoudre le problème de conflit d'intérêts, un décret à la fin du même mois lui a enlevé toute autorité sur l'Inserm, la transférant au Premier ministre, en conservant la tutelle du ministère de la Recherche.

Le dépôt des candidatures au poste de PDG était clos le 28 avril. La réglementation prévoit que les noms restent confidentiels.

Devant la commission d'examen des candidatures, les postulants ont eu droit jeudi à un quart d'heure de présentation suivi de trente minutes de questions, selon plusieurs candidats contactés par l'AFP.

Sur les huit candidats qui étaient en lice au départ, seuls deux, Philippe Froguel et Jessica Zucman-Rossi avaient rendu leur candidature publique. Seuls six candidats seraient encore en course, selon plusieurs d'entre eux.

Le candidat retenu par le gouvernement devra ensuite être auditionné par le Parlement pour confirmation.

Mi-juin, la prestigieuse revue médicale britannique The Lancet dénonçait l'"opacité" entourant cette nomination, estimant que "la réputation du milieu scientifique français a été endommagée (...) tant sur la scène nationale qu'internationale".