Procès du Mediator: l'Agence du médicament n'est pas responsable, pour un de ses ex-cadres
Paris (AFP) –
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Un ex-cadre de l'Agence du médicament, qui était notamment en charge de l'évaluation du Mediator et qui fait partie des prévenus dans le procès de ce scandale sanitaire, a chargé jeudi les laboratoires Servier, dédouanant son équipe et plus largement les autorités sanitaires.
Jean-Michel Alexandre, qui fut un ponte de la pharmacologie, ex-directeur de l'évaluation du médicament à l'Afssaps, l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, devenue l'ANSM après le scandale Mediator, n'est resté à la barre qu'une heure, son état de santé ne permettant pas une audition plus longue. &
M. Alexandre, très fatigué et malade, a témoigné assis, d'une voix difficilement audible. Cet homme, aujourd'hui âgé de 83 ans, était notamment en charge dans les années 90 à l'Agence des autorisations de mise sur le marché, de la pharmacovigilance, des essais cliniques. Retraité de l'Afssaps en décembre 2000, il est tout de suite devenu conseiller pour les laboratoires Servier, ce qui lui vaut d'être renvoyé devant le tribunal. Il n'a été entendu jeudi que sur les faits antérieurs à 2001.
"L'Agence du médicament et la direction dont j'étais responsable ne portent en aucune façon une responsabilité dans le drame épouvantable du Mediator", a-t-il démarré.
Utilisé par cinq millions de personnes pendant les 33 ans de sa commercialisation, le Mediator est tenu pour responsable de centaines de morts. Il était présenté comme un antidiabétique mais largement prescrit comme coupe-faim. Le Mediator est resté sur le marché jusqu'en 2009.
"Ce produit a été utilisé en dehors de ses indications légales. (...) Le caractère anorexigène (du Mediator, NDLR) n'était pas connu de l'Agence", a affirmé Jean-Michel Alexandre. L'Afssaps n'aurait "pas fait de rapprochement".
"Le rôle de la norfenfluramine a été occulté par le laboratoire pendant toute la vie du Benfluorex", la substance active du Mediator, a-t-il martelé. La norfenfluramine est une substance toxique pour le cœur et les poumons, qui était présente dans l'Isoméride, retiré du marché en 1997.
"Le fait que cela nous ait été occulté provient très probablement de la volonté du laboratoire de différencier le Mediator de l'Isoméride", a expliqué l'ex-directeur de l'évaluation.
La présidente Sylvie Daunis interroge: comment malgré ses "compétences en pharmacologie", M. Alexandre a pu se laisser tromper par la firme? Il botte en touche.
M. Alexandre sera à nouveau appelé à la barre, dans les semaines à venir, afin de s'expliquer sur son rôle de conseiller pour Servier.
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