Risques de contagion, plasma, animaux infectés : les derniers travaux sur le coronavirus
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En pleine pandémie de Covid-19, les recherches scientifiques sur le virus et d'éventuels remèdes se sont multipliés. France 24 se penche sur les dernières études concernant la transmission du virus, les risques de contagion aux animaux et l'utilisation du plasma thérapeutique.
Le Covid-19 peut-il se transmettre simplement en respirant ? C'est la question qui agite les milieux scientifiques depuis que des études pointent du doigt la présence du nouveau coronavirus dans les particules microscopiques que nous émettons en parlant ou en respirant.
Jusqu'alors, les autorités sanitaires considéraient en effet que la transmission du Covid-19 dans l'air se faisait quand un sujet malade toussait ou éternuait, sous forme de projections de gouttelettes contenant du virus. Plus simplement, il fallait surtout échapper aux postillons de son interlocuteur pour éviter d'être contaminé.
Selon la revue Science, les derniers travaux de l'Académie des Sciences américaines évoquent une menace bien plus pernicieuse : les aérosols. Sous ce terme banal, les scientifiques désignent des nuages de particules mille fois plus petites que des postillons — et donc totalement invisibles à l'œil nu — que chacun émet par le simple fait de respirer. Problème : ces aérosols restent plus longtemps dans l'air et peuvent voyager plus loin, jusqu'à sept à huit mètres de distance, selon la scientifique américaine Lydia Bourouiba, professeure associée à l'Institut de recherche américain MIT.
Ces travaux n'apportent pas de preuve définitive que les aérosols ont contaminé des patients. Il reste notamment aux chercheurs à déterminer si la quantité de virus présents dans ces particules microscopiques est suffisante pour infecter une tierce personne. Interrogé par LCI, le professeur Yves Buisson, membre de l'Académie nationale de médecine, estime que ces aérosols ne pourraient avoir un rôle contaminant que dans des espaces très confinés "comme les cages d’ascenseurs, les magasins, les transports en commun…". Peu de risque selon lui d'être infecté ainsi dans la rue. Ces travaux pourraient néanmoins inciter les autorités sanitaires à renforcer les récents appels à un port du masque généralisé.
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Les félins susceptibles d'attraper le Covid-19
Nadia n'est pas une cheffe d'État ni une célébrité sportive, mais l'annonce de son infection par le coronavirus, dimanche 5 avril, a fait le tour du monde en un éclair. Ce tigre malais âgé de 4 ans est en effet le premier animal sauvage à avoir été infecté par un être humain. C'est en tout cas ce que soupçonne le zoo du Bronx de New York après le retour d'un test positif au coronavirus. Six autres félins souffrent de toux et de manque d'appétit. Outre la sœur de Nadia, deux tigres sibériens et trois lions africains ont effectivement développés des symptômes qui correspondent à l'infection au Covid-19. En revanche, les autres félins — léopards, pumas, guépards, panthères des neiges — n'ont pas l'air d'avoir été contaminés.
La question de l'infection des animaux domestiques au Covid-19 a fait l'objet d'une étude de l'Institut de recherches vétérinaires de Harbin, dans le nord-est de la Chine. Les scientifiques avaient alors introduit le nouveau coronavirus dans le nez de cinq chats pour constater que ces derniers pouvaient effectivement être infectés. Trois de ces chats infectés ont ensuite été confinés dans une cage à proximité d'autres cages contenant trois chats non porteurs du virus. L'un de ces sujets sains a été contaminé par le coronavirus, renforçant l'hypothèse de la possibilité d'une contamination de chat à chat.
D'autres animaux ont subi le même traitement d'inoculation par le coronavirus. Les poulets, cochons, et canards n'ont pas contracté la maladie. Deux chiens sur cinq ont développé une charge virale limitée, non contagieuse. L'étude, qui n'a pas encore été évaluée par d'autres chercheurs, affirme donc que le risque que les animaux domestiques deviennent un réservoir du Covid-19 est très limité.
Une conclusion qui rejoint l'annonce des autorités sanitaires belges après le test positif d'un chat au coronavirus fin mars. Ces dernières avaient alors souligné que l'animal avait été contaminé par son maître malade et exclu tout risque de contamination de l'animal à l'homme.
Le plasma des convalescents à la rescousse
Pendant que le traitement à la chloroquine occupait le devant de la scène en France, des études chinoises ont fait naître une petite lueur d'espoir pour traiter les malades du Covid-19 en utilisant du plasma - la partie liquide du sang - de patients guéris. Cela permettrait de préparer un fluide thérapeutique qui contient les précieux anticorps, ces organismes sécrétés pour lutter contre une substance étrangère, en l'occurrence le nouveau coronavirus. Sur le papier, l'idée consiste donc à transfuser le plasma de patients guéris vers une personne malade afin de stimuler ses défenses immunitaires et de venir à bout du virus.
L'étude réalisée par un centre de recherches à Wuhan, qui n'a pas encore été évaluée par d'autres chercheurs, a justement consisté à transfuser du plasma de convalescents à dix patients, qui étaient gravement malades du Covid-19. Six jours après l'injection, le virus avait disparu de l'organisme de sept patients sur les dix. Une seconde étude réalisée à Shenzhen et prépubliée le 27 mars dans la revue de l'American medical association a également montré des résultats prometteurs, mais sur un échantillon encore plus petit de cinq patients.
Cela n'a pas empêché l'hôpital méthodiste de Houston et la clinique du Mont Sinai à New York de lancer, dès le 28 mars, leur propre programme pour tester cette option dite du "plasma thérapeutique".
"C'est un pari en terme de temps, d'énergie, et d'argent", a confié un spécialiste américain des maladies infectieuses, William Schaffner, au journal USA Today, en soulignant que cette méthode avait donné des résultats fluctuants dans le passé, selon les maladies. Mais les circonstances imposent, selon lui, de lancer ces programmes aussi vite que possible.
La France a embrayé avec l'annonce du démarrage dès le 7 avril d'un essai clinique dénommé Coviplasm à destination de 60 patients dans des hôpitaux parisiens. Un communiqué commun de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), l'Établissement français du sang (EFS) et l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a précisé que des prélèvements ciblés commenceraient dès mardi en Île-de-France, dans le Grand Est et en Bourgogne-Franche-Comté, auprès d'environ 200 patients guéris depuis au moins quatorze jours. La première évaluation de cette étude française est attendue d'ici deux à trois semaines.
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