Nigeria : la surmortalité à Kano due au coronavirus, selon les autorités
Le Covid-19 aurait causé "la plupart" des dizaines de morts mystérieuses enregistrées depuis plusieurs semaines dans l'État de Kano, dans le nord du Nigeria, ont indiqué dimanche soir les autorités sanitaires locales.
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Les médias locaux de Kano, le deuxième État le plus peuplé du Nigeria, avaient été les premiers à sonner l'alerte fin avril en constatant l'augmentation du nombre d'enterrements. Il aura fallu plusieurs jours d'enquête aux autorités sanitaires pour annoncer, dimanche 3 mai, la cause de cette surmortalité : le nouveau coronavirus.
"Selon les premiers résultats de l'enquête, la plupart des morts enregistrés dernièrement sont dus au coronavirus", a ainsi déclaré Nasiru Sani Gwarzo, à la tête de l'équipe médicale spécialisée Covid-19 pour Kano.
"Bien que les décès aient été attribués initialement à d'autres maladies, nous pouvons dire désormais que la cause principale de l'explosion de morts à Kano est due au coronavirus", a-t-il indiqué, sans toutefois donner de chiffres exacts.
UPDATE:
— UPTown Nigeria (@UPTown_NG) May 4, 2020
The Presidential Technical Team deployed to Kano to support the state committee in upscaling its response to COVID-19, on Sunday, said coronavirus is responsible for the mass deaths recorded in Kano State. pic.twitter.com/PcUPC7d0NU
Les résultats définitifs de l'enquête ne sont pas encore prêts, mais le gouverneur de l'État de Kano, Abdullahi Ganduje a d'ores et déjà prévenu les 12 millions habitants de l'État que "Kano a de sérieux problèmes".
"Nous avons commencé cette crise sur un mauvais pied", a-t-il ajouté, faisant référence à la fermeture du laboratoire spécialisé, fermé pendant plusieurs jours la semaine dernière après la contamination de l'un des employés.
Fin avril, les médias locaux ont révélé une très forte augmentation du nombre d'enterrements dans les 68 cimetières de Kano.
Un employé d'un cimetière de cette grande ville musulmane a confié à l'AFP enterrer "parfois des dizaines de corps par jour".
Vendredi, dans une interview à l'AFP, le directeur de la "task force Covid 19" avait qualifié ces morts de "dommages collatéraux de la guerre", attribuant les décès à d'autres maladies comme le paludisme, l'hypertension ou la typhoïde alors que les pharmacies et la majorité des hôpitaux de la ville ont fermé leurs portes.
Capacités de dépistage très faibles
Mais face à une forte augmentation des décès, notamment de personnalités de haut rang (professeurs d'université, chefs traditionnels...), les autorités ont mené une enquête sur ces "morts mystérieuses" et ont réalisé des "autopsies verbales", en interrogeant les familles des défunts.
Dimanche, l'un des cinq émirs traditionnels de l'État, Tafida Abubakar Ila II, l'une des plus grandes figures traditionnelles de la région est mort à l'hôpital, montrant les symptômes associés au Covid-19.
Officiellement, le nombre de personnes infectées dans la ville dépasse à peine les 300 personnes, et trois morts directement liés au nouveau coronavirus ont été recensés.
Néanmoins, les capacités de dépistage sont très faibles avec seulement 88 tests réalisés par jour selon Nasiru Sani Gwarzo, qui promet qu'ils devraient s'élever à 300 d'ici la fin de semaine : un chiffre toujours très faible dans un État de plus de 10 millions d'habitants.
Le gouvernement fédéral nigérian a décidé de procéder à un déconfinement progressif dans le reste du pays, mais de le maintenir strict à Kano.
Mais dans cette ville musulmane très conservatrice et très pauvre, le gouverneur Ganduje a cependant décidé d'assouplir le confinement quelques jours par semaine, malgré la situation sanitaire.
Lundi, les habitants de Kano se sont rendus en masse dans les marchés pour acheter des vivres en cette période du ramadan.
Le Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique avec près de 200 millions d'habitants, recensait lundi près de 2 500 cas officiellement déclarés d'infection au coronavirus, et 87 décès.
Avec AFP
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