Les Suisses votent contre l'interdiction des pesticides de synthèse

Les Suisses ont rejeté dimanche deux initiatives populaires anti-pesticides.
Les Suisses ont rejeté dimanche deux initiatives populaires anti-pesticides. © Fabrice Coffrini, AFP

Les Suisses se sont prononcés, dimanche, contre l'interdiction des pesticides de synthèse. Ils ont par ailleurs approuvé un renforcement des mesures policières de lutte contre le terrorisme, malgré les mises en garde de l'ONU.

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A rebours de la vague écologique actuelle, les Suisses ont exprimé, dimanche 13 juin, le souhait de continuer à vivre avec les pesticides de synthèse. Aucun grand pays n'a jusqu'à présent interdit ces produits. Ailleurs dans le monde, le Bhoutan avait annoncé il y a quelques années vouloir devenir le premier pays au monde à vivre d'une agriculture "100% bio".

La Suisse abrite l'un des plus grands fabricants de produits phytosanitaires, le groupe bâlois Syngenta, racheté en 2017 par le géant chinois ChemChina.

En refusant d'engager leur pays contre une interdiction de ces produits, les Suisses ont balayé les deux initiatives populaires anti-pesticides. Un premier texte, qui demandait l'interdiction des pesticides de synthèse dans un délai de 10 ans, ainsi que de toute importation de denrées alimentaires produites à l'étranger à l'aide de ces produits ou en contenant, a été rejeté à près de 63%, selon les premiers résultats officiels.

Férocement combattue dans les campagnes, l'interdiction a également été rejetée dans les villes de Genève et Fribourg, mais à Bâle le "oui" l'a emporté.

Une autre initiative prévoyait que les subventions de la Confédération helvétique aux agriculteurs soient versées uniquement aux exploitations qui n'utilisent pas de pesticides, bannissent l'utilisation préventive ou régulière d'antibiotiques et sont en mesure de nourrir leurs animaux avec le fourrage qu'elles produisent elles-mêmes.

Les écologistes et la gauche avaient apporté leur soutien aux deux initiatives, mais les électeurs ont préféré suivre le gouvernement, pour qui l'interdiction des pesticides de synthèse nuirait à la souveraineté alimentaire du pays.

Terrorisme et droits humains

Les électeurs ont par ailleurs été plus de 58% à soutenir la loi sur les mesures policières de lutte contre le terrorisme, donnant à la police les moyens d'agir plus facilement à titre préventif face à un "terroriste potentiel".

La police pourra ainsi les surveiller davantage, limiter leurs déplacements et les obliger à participer à des entretiens, ceci dès l'âge de 12 ans. A partir de 15 ans, les personnes pourront être assignées à résidence pendant neuf mois, moyennant l'approbation d'un tribunal.

Les opposants de gauche à la loi estiment qu'elle ne respecte pas les droits fondamentaux et les droits humains, mettant en danger l'héritage du pays dans ce domaine. L'ONU et plusieurs défenseurs des droits humains avaient exprimé leur désapprobation.

"La Suisse aura désormais la loi antiterroriste la moins professionnelle, la plus inefficace et la plus dangereuse du monde – un embarras majeur pour la Suisse en tant qu'État de droit", a déclaré à l'AFP le Rapporteur de l'ONU sur la torture Nils Melzer.

"Avec cette loi, la Suisse se dote d'une définition du terrorisme imprécise qui ouvre la porte à l'arbitraire policier. Propager la crainte dans une intention politique sera déjà considéré comme du terrorisme, même si aucune menace d'acte violent n'est établie, ni aucune infraction pénale commise", a déploré Patrick Walder, directeur de campagne chez Amnesty International Suisse.

Le gouvernement assure que les droits fondamentaux seront garantis et fait valoir que les programmes de déradicalisation sont insuffisants concernant certains profils.

Même si la Suisse a été épargnée par les attentats jihadistes ayant frappé l'Europe, la menace reste "élevée" selon les autorités, qui ont fait valoir qu'en 2020 "deux attaques au couteau, probablement à motivation terroriste, ont eu lieu", à Morges et Lugano.

CO2 et Covid

Les Suisses n'ont en revanche pas validé la loi visant à réduire encore les émissions de CO2 d'ici 2030.

La loi prévoyait notamment d'augmenter la taxe sur le mazout et le gaz naturel, ainsi que l'introduction d'une taxe sur les billets d'avion au départ de la Suisse.

"Nous devrons privilégier d'autres instruments climatiques à l'avenir. Plutôt que de cibler les consommateurs finaux, il faut contraindre les producteurs à l'innovation, par exemple via des prescriptions plus strictes", a réagi sur Twitter Adèle Thorens, des Verts.

Autre texte soumis au vote, la loi Covid, donnant au gouvernement des compétences supplémentaires pour combattre l'épidémie et atténuer ses effets sur la société et l'économie, a obtenu le soutien de 59% des Suisses.

Avec AFP

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