L’Arménie se prépare à des législatives sous tension
Publié le :
L'Arménie élit dimanche son parlement lors de législatives anticipées convoquées par le Premier ministre Nikol Pachinian, affaibli par sa défaite contre l'Azerbaïdjan à l'automne 2020.
Les Arméniens sont appelés aux urnes, dimanche 20 juin, lors de législatives anticipées, en pleine crise politique. Le Premier ministre Nikol Pachinian se trouve en grande difficulté depuis le conflit perdu l'opposant à l'Azerbaïdjan dans le Haut-Karabakh à l'automne 2020. Il avait été porté au pouvoir par une révolution pacifique en 2018, promettant de chasser du gouvernement les élites corrompues de cette ex-république soviétique du Caucase.
Un cessez-le-feu a mis fin à six semaines de combats ayant fait près de 6 000 morts. Erevan a dû céder des territoires sous son contrôle depuis une trentaine d'années, concession qui a suscité d'importantes manifestations et des appels à la démission de Nikol Pachinian.
Face à cette mobilisation, mais aussi en raison d'un conflit avec l'état-major militaire, le Premier ministre, qualifié de "traître" par l'opposition, a fini par convoquer des législatives anticipées.
L’opposition mobilisée
Environ 20 000 personnes se sont rassemblées vendredi sur la place centrale d'Erevan pour soutenir Robert Kotcharian, le principal candidat d'opposition, au dernier jour d'une campagne serrée et tendue.
Selon des estimations de l'Agence France-Presse, l'affluence de ce rassemblement était similaire ou légèrement supérieure à celui de partisans Nikol Pachinian, qui s'est tenu la veille au même endroit. "Kotcharian !", ont scandé des manifestants de tous âges, dont des familles avec enfants. Ils brandissaient des drapeaux arméniens, russes et ceux de la formation politique de Robert Kotcharian, 66 ans, qui a dirigé ce petit pays du Caucase de 1998 à 2008.
"Nous sommes venus régler les problèmes" de sécurité et de la pauvreté, "le pouvoir actuel n'est pas capable de les résoudre", a lancé le candidat devant la foule, appelant ses compatriotes à veiller au dépouillement afin que les autorités "ne volent pas nos voix".
"Nous faisons confiance à Kotcharian, nous lui confions nos vies et le futur de notre nation", a déclaré à l'AFP une manifestante enthousiaste, Medea Petrossian, médecin.
La peur d’affrontements
Alors que Nikol Pachinian a d'ores et déjà appelé ses supporters à se réunir lundi sur la place centrale pour célébrer sa victoire, beaucoup craignent des affrontements entre les deux partis les plus puissants.
D'autant que l'Arménie est habituée aux soulèvements post-électoraux : avant la révolution de 2018, Nikol Pachinian, ancien journaliste, avait été incarcéré pendant près de deux ans pour son rôle dans des manifestations réprimées dans le sang en 2008. L'accord de cessez-le-feu négocié par Vladimir Poutine et le déploiement de soldats de la paix russes ont permis à Erevan de conserver l'essentiel du Haut-Karabakh, région azerbaïdjanaise peuplée en majorité par des Arméniens. Par contre, l'Arménie a perdu de larges territoires tout autour de cette région et vu l'Azerbaïdjan revenir à sa frontière, ce qui a entraîné des accrochages militaires ces dernières semaines.
Environ 2,6 millions d'électeurs arméniens sont appelés aux urnes pour élire au moins 101 députés pour cinq ans. Quatre blocs électoraux et 22 partis – un record – sont en lice. Si aucune majorité ou coalition majoritaire n'émerge dimanche, un second tour devra être organisé le 18 juillet entre les deux partis ayant obtenu le meilleur score.
Avec AFP
Le résumé de la semaineFrance 24 vous propose de revenir sur les actualités qui ont marqué la semaine
Je m'abonne