Après une semaine de contestation, la Guadeloupe en proie à un mouvement social d'ampleur

Un camion de pompiers arrive près d'un barrage mis en place par des militants du syndicat  UGTG, le 17 novembre 2021 aux Abymes, en Guadeloupe
Un camion de pompiers arrive près d'un barrage mis en place par des militants du syndicat UGTG, le 17 novembre 2021 aux Abymes, en Guadeloupe Carla BERNHARDT AFP/Archives

Malgré la mise en place d'un couvre-feu vendredi, l'île affronte depuis une semaine un mouvement social d'ampleur, la contestation du passe sanitaire et de l'obligation vaccinale des soignants ayant dégénéré en blocages et violences. Une réunion visant l'apaisement doit avoir lieu lundi à Paris. 

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La Guadeloupe attendait dimanche 21 novembre l'arrivée de renforts policiers, après une semaine d'un mouvement ayant pour origine la contestation de l'obligation vaccinale des soignants et dégénérant en crise sociale émaillée de nombreuses violences, et alors qu'une réunion visant l'apaisement doit avoir lieu lundi à Paris.

La nuit de samedi à dimanche est restée agitée dans les rues et sur les routes de l'île, entre barrages routiers, incendies et pillages qui ont débouché sur 38 interpellations dans la nuit et fait deux blessés chez les forces de sécurité.

Ces incidents ont eu lieu malgré le couvre-feu qui court jusqu'à mardi matin, chaque nuit de 18 heures à 5 heures. 

"Une nouvelle fois, les forces de police et gendarmerie, mais aussi les sapeurs-pompiers qui intervenaient sur les feux, ont fait l'objet de plusieurs tirs d'armes à feu", a dénoncé la préfecture de Guadeloupe dans un communiqué recensant le bilan des violences urbaines survenues dans la nuit. "L'intention de s'approprier des biens par effraction n'est plus la seule motivation de ces bandes organisées qui recherchent désormais le chaos", ajoute le communiqué.

Dans plusieurs communes de l'île, des magasins alimentaires ont été pillés, mais aussi des pharmacies. "À chaque fois, une barricade placée en amont nous empêchait d'avancer", selon les gendarmes qui témoignent aussi de soupçons de "faux appels pour nous attirer ailleurs, tout comme les pompiers". Dans la commune de Morne-à-l'Eau, un poste de police a été incendié. 

Selon la préfecture, quatre pharmacies ont été ainsi fracturées.

Situation "intolérable et inacceptable"

La réponse de l'État se veut d'abord celle de "la fermeté", a affirmé dimanche le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, en qualifiant la situation d'"intolérable et inacceptable" en Guadeloupe.

"Cette petite minorité qui bloquait par les mots, par les paroles (la vaccination), aujourd'hui elle s'est radicalisée et elle essaie de les bloquer, de les intimider par la violence", a-t-il dénoncé, évoquant des "soignants menacés", "des pharmacies empêchées d'ouvrir" et "les ambulances bloquées sur les barrages".

Depuis l'été, le taux de vaccination a progressé en Guadeloupe, avec désormais un taux de près de 90% des soignants vaccinés, et approchant 50% dans la population générale. 

Selon Gabriel Attal, les renforts de policiers et de gendarmes envoyés de métropole, notamment 50 membres des unités du GIGN et du Raid, doivent arriver dès dimanche dans l'île.

Le Premier ministre Jean Castex, accompagné du ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu et du ministre de la Santé Olivier Véran, doit parallèlement recevoir lundi soir des élus de l'île afin, a déclaré Matignon à l'AFP dimanche, de leur permettre "d'exposer leur analyse de la situation sur place". La réunion doit aussi permettre "un dialogue sur les conséquences de l'obligation de vaccination pour les soignants et les pompiers."

Souffrances, inégalités, pauvreté et exclusion 

L'Union générale des travailleurs de Guadeloupe (UGTG), en pointe de la contestation qui secoue l'île, a appelé samedi "à poursuivre la mobilisation et à renforcer les piquets de revendications populaires", dans un communiqué.

Au-delà de la contestation de l'obligation vaccinale pour les soignants, la mobilisation traduit également "la profondeur des souffrances, des inégalités, de la pauvreté et de l'exclusion subies par la population, singulièrement les jeunes et les personnes âgées", selon la secrétaire générale du syndicat, Maïté Hubert M'Toumo.

"Je comprends la colère en Guadeloupe", a réagi à Paris Jordan Bardella, le président du Rassemblement national, décrivant une population insulaire "totalement abandonnée par les pouvoirs publics" et en proie à "la vie chère". 

À gauche, le candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot a condamné les violences, jugeant "normal" l'envoi de renforts par le gouvernement. 

"Dans des cas comme ça, ce qui prime c'est le dialogue, c'est de mettre les gens autour d'une table et la répression au contraire ne fait qu'accentuer les choses", témoignait dans la matinée un habitant rencontré par l'AFP dans les rues de Pointe-à-Pitre après les pillages.

Un appel à la grève générale en Martinique, l'île voisine des Antilles, a été lancé pour lundi.

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Avec AFP

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