Malaisie: un site d'informations condamné à une forte amende pour diffamation

Kuala Lumpur (AFP) –

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L'un des principaux sites d'informations malaisien a été condamné vendredi à payer une amende de 130.000 dollars après avoir perdu son procès en diffamation contre une société minière, ajoutant aux inquiétudes pour la liberté de la presse dans le pays d'Asie du Sud-Est.

Malaysiakini était poursuivi par Raub Australian Gold Mining pour des articles et vidéos publiées en 2012 impliquant ses opérations dans des cas de pollution, et que le groupe jugeait diffamatoire.

L'affaire avait été classée une première fois en 2016, mais un jugement en appel deux ans plus tard a donné raison au groupe minier, qui n'existe plus à présent.

La plus haute instance du pays a confirmé ce verdict vendredi et ordonné au site indépendant très suivi par les Malaisiens à verser 550.000 ringgits (132.000 USD) de dommages et frais de justice.

La cour a jugé que Malaysiakini n'avait pas rapporté les faits "d'une façon juste, désintéressée et neutre".

Elle a encore argué que le site n'avait pas essayé de vérifier les allégations de ses articles, évoquant un "journalisme irresponsable".

Mais le rédacteur en chef de Malaysiakini Steven Gan a estimé que ce verdict était une menace pour le journalisme d'intérêt public et que le site s'était emparé d'un sujet qui préoccupait les riverains du site pollué.

Malaysiakini est l'un des principaux sites d'informations du pays et a publié de nombreux articles sur des scandales de corruption impliquant des responsables politiques.

Il a largement couvert le détournement de milliards de dollars du fonds souverain 1MDB qui a amené l'ex-Premier ministre Najib Razak et ses proches devant la justice.

Le site a déjà été condamné à une forte amende au début de l'année pour outrage à la justice.

Malaysiakini était poursuivi pour des commentaires critiques envers la justice malaisienne postés par cinq internautes sous l'un de ses articles.

Les médias indépendants, l'opposition et les militants font face à des pressions accrues en Malaisie depuis la chute du gouvernement réformiste de Mahathir Mohamad l'an dernier et l'arrivée au pouvoir, sans élections, d'une coalition qui avait été impliquée dans le vaste scandale de corruption 1MDB.