Lubrizol: l'incendie de Rouen a eu un impact sur la santé psychologique

Rouen (AFP) –

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L'incendie hors norme de l'usine Seveso Lubrizol en 2019 à Rouen a eu un "effet négatif" sur la "santé psychologique" de la population exposée, selon une étude de Santé publique France (SPF) publiée lundi.

"Il y a une altération de la santé mentale un an après" l'incendie, a souligné Franck Golliot, directeur adjoint de SPF lors d'une réunion sur l'incendie en préfecture.

SPF a enquêté sur 5.300 personnes représentatives de 340.000 habitants de 133 communes impactées.

Selon cette étude, 62% des habitants ont ressenti au moins un symptôme ou problème de santé qu'ils ont attribué à l'incendie. Près de 38% des adultes ont perçu des picotements des narines, de la gorge, de la langue, un écoulement ou une obstruction nasale; 37% des maux de tête des malaises ou des vertiges, 15% une toux ou un encombrement bronchitique ou une difficulté à respirer ou une crise d'asthme.

17% des adultes qui ont ressenti au moins un trouble de santé ont eu recours au système de soin.

"Pourquoi a-t-il fallu un an pour lancer l'étude sanitaire", alors qu'aux Etats-Unis, où une usine du groupe Lubrizol a été touchée par un incendie à Rockton mi-juin, "ils sont déjà en train de lancer un suivi sanitaire", a déclaré Christophe Holleville, secrétaire de l'Union des victimes de Lubrizol lors de la réunion.

A Rockton, le choix a été fait de "laisser brûler" pendant plusieurs jours, ce qui "a obligé à évacuer sur 1,5 km la population", alors qu'à Rouen l'incendie a été éteint en 24h, a précisé le préfet Pierre-André Durand. A Rouen, la population n'avait pas été évacuée.

"Pourquoi ne pas avoir choisi une approche toxicologique?", avec des analyses du sang de la population, a par ailleurs demandé Nathalie Le Meur, pharmacienne biologiste de l'association Rouen Respire.

Ce ne serait "pas pertinent", a répondu Sébastien Denys de SPF car il n'y a "pas d'élément objectif en faveur d'une surexposition à long terme des populations riveraines" aux substances dangereuses susceptibles de provenir de l'incendie (hydrocarbures, dioxines).

Les mesures environnementales "ne permettent pas de conclure à une contamination en lien avec l'incendie différenciable d'une pollution industrielle historique", antérieure à l'incendie, a-t-il ajouté.

"Comment expliquez-vous que l'on retrouve du xénène, de l'éthylbenzène et du toluène dans le lait maternel, qu'on observe un pic après l'incendie et qu'ensuite ça diminue?", a réagi Mme Le Meur.

Près de 10.000 tonnes de produits chimiques ont brûlé lors de l'incendie de Lubrizol et Normandie Logistique le 26 septembre 2019 à Rouen.